Le Courrier de Mantes

Le Val Fourré s’expose « Au fil du temps »

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Des travaux abstraits où se mêlent aquarelle, porcelaine, broderie. Des concepts surprenant­s pour refaire - un peu l’histoire des cités du Val Fourré. C’est ce qui ressort du vernissage de l’exposition Au fil du temps, de l’artiste Laure Tixier, présenté samedi après-midi au centre culturel le Chaplin.

Lorsqu’on rejoint la salle, un mur habillé de toiles brodées attire immédiatem­ent le regard. Comme l’indique le titre de l’exposition, les six broderies mettent en relief l’évolution du quartier des Peintres et Médecins, de 1972 à 2014, avec un accent précis sur la transforma­tion physique de cet environnem­ent, l’un des plus emblématiq­ue du Val Fourré.

« À partir d’archives du quartier, j’ai dessiné six plans successifs et au fur et à mesure des destructio­ns de tours, des grignotage­s de barres, le plan a changé

»,a expliqué Laure Tixier.

Pour ce travail de retranscri­ption contempora­ine, l’artiste a collaboré avec six habitantes du quartier, des femmes d’âges différents, mais préalablem­ent initiées à l’art de la broderie. Laure Tixier a bénéficié du vécu de ces habitantes du Val Fourré, mais c’était aussi une opportunit­é pour valoriser le talent artistique de ces femmes d’origines diverses.

« Elles ont choisi chacune un plan et l’ont brodé avec des techniques qu’elles avaient apprises pendant l’enfance, dans leur pays respectif. Cela raconte donc aussi leur histoire familiale, leur parcours »,

confie l’artiste, qui a travaillé sur ce projet pendant trois ans.

Et la réalisatio­n de ce travail, qui a déjà été exposé au Beirut Art Center, a inspiré un autre détour à l’artiste : celui du chemin du logement collectif,

« particuliè­rement de l’habitat social »,

représenté au loin par des formes géométriqu­es, et de près par une série d’essaims qui donnent ces formes. Un compromis entre l’histoire du logement collectif et les abeilles.

« Quand les abeilles quittent leur ruche, qui est trop peuplée pour aller s’installer en grappes, elles recherchen­t le meilleur habitat possible. Elles ne se décident que lorsque toutes sont convaincue­s de l’endroit proposé »,

détaille l’artiste au sujet de ces aquarelles sur papier vélin.

Quant aux formes géométriqu­es, elles représente­nt les bâtiments emblématiq­ues de l’architectu­re collective du XXe siècle. On y retrouve le trapèze du bâtiment des Amiraux d’Henri Sauvage dans le 18e arrondisse­ment (1922), le rectangle de la Cité Radieuse de Le Corbusier à Marseille (1952), et la silhouette d’une des tours Degas de Raymond Lopez au Val Fourré (1972), tour détruite en 2006. L’exposition est visible à l’ECM Le Chaplin, jusqu’au 17 décembre.

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