Le Courrier de Mantes

Violences faites aux femmes : elles ont libéré la parole

Briser les tabous pour réussir à avancer. Écouter les femmes victimes de violences, mais aussi leur entourage, témoins de leur souffrance. Tel était l’objectif des tables rondes tenues autour des violences faites aux femmes.

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Des tables rondes qui allient écoute et conseils. Elles sont une trentaine à y avoir pris place. Les visages fermés, l’angoisse est palpable, mais timidement, les langues se délient et la parole se libère :

« Ma voisine se fait taper dessus au quotidien, elle est en larmes tout le temps, son mari est violent et la bat sans justificat­ion. Ce n’est pas la première fois qu’elle m’en parle mais pourquoi ne s’en va-t-elle pas définitive­ment ? Parfois, elle part un ou deux jours mais revient toujours… Je ne l’explique pas »,

l’une de ces femmes.

Tristesse et incompréhe­nsion

raconte

Le témoignage laisse un froid autour de la table, les regards oscillent entre tristesse et incompréhe­nsion. Pourtant l’acte qu’a décrit cette jeune femme est loin d’être surprenant. Il s’agit même d’une situation assez courante, selon l’intervenan­te sociale en poste à la gendarmeri­e de Mantes-la-Jolie.

« À chaque départ, la personne expériment­e sa capacité à vivre seule et souvent, les femmes ont besoin de plusieurs départs pour pouvoir se rendre compte qu’elles sont capables de s’en sortir seule. Après, elles n’ont pas forcément toujours très confiance en elles d’où le retour au domicile parce qu’elles se disent que c’est finalement trop compliqué »,

explique la profession­nelle, qui estime d’ailleurs

« qu’on prend autant de temps à s’installer dans une situation de violences conjugales, qu’à en sortir ».

Pourtant il y en a qui ne s’en sortent jamais, celles qui subissent, supportent la douleur et considèren­t même la situation comme un aléa du mariage.

« Ma maman me disait toujours, ce n’est pas grave, c’est mon mari »,

confie Lucette, qui réside au Val Fourré. La quinquagén­aire n’est pas une victime directe, mais la violence conjugale, elle en a été témoin tout au long de son enfance.

« C’est une situation que j’ai vécue avec mon enfant à la sortie d’école. J’ai vu un homme arriver et subitement arracher un enfant des bras de sa mère et là, la maman s’est mise à courir, hurler, en vain. J’ai vu la détresse en cette mère, longtemps victime de violences conjugales. »

« C’est le principe de la double peine »,

« On part du

sociale. explique l’assistante

principe que l’autorité parentale est conjointe et que tant qu’il n’y a pas de saisine du juge aux affaires familiales pour statuer sur un droit de visite et d’hébergemen­t, le père et la mère ont les mêmes droits sur l’enfant. »

La profession­nelle tente tout de même de rassurer mais surtout d’informer au mieux sur les différente­s possibilit­és que présente la loi.

« Lorsqu’il y a eu dépôt de plainte pour violences conjugales, la femme ou l’homme victime a la

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