L’union départementale CGT a 50 ans
Elles ont toutes compté dans l’histoire sociale de la région et vont en débattre, témoigner. À l’Espace des habitants, samedi, 80 personnes ont répondu à l’invitation de cette rencontreanniversaire. Pour les droits, pour le maintien de l’emploi, les conditions de travail, l’émancipation, la lutte contre la précarité, l’indépendance de classe, l’intégration des minorités. « Le syndicat, au niveau du département, regroupe autant dans le privé que le public, dans les petites boîtes ou à La Poste, à EDF, chez les cheminots, dans l’automobile… et compte aujourd’hui plus de 8 000 adhérents », précise Sonia Porot, sa secrétaire générale.
Leçons de l’histoire et actualité des combats
Le tout premier secrétaire général de l’Union départementale (UD), Henri Rollin, est là, soutenu par ses filles « Pour lui qui a commencé à l’école Ford, pour notre mère, et pour nous aussi, le syndicat c’est toute notre vie », revendiquent-elles, émues. Mais, loin d’être une commémoration,
cette « journée est une rencontre entre jeunes et plus vieux camarades. L’histoire c’est vivant, ça aide à comprendre le présent », souligne Sonia Porot. « La récente annonce des suppressions de postes dans la fonction publique a mobilisé les agents.
» « Comment mener une grève ?, voilà ce qui serait intéressant de transmettre », dit
un syndiqué. « Celui qui n’a pas de passé n’a pas d’avenir », cite Jean Delarue qui a été 12 ans durant secrétaire général de l’union locale (UL) des Mureaux et liste les batailles quotidiennes qui sont remportées quand les revendications sont précises.
Cinquante années depuis décembre 1966, date de l’implantation de la première UD dans les Yvelines, qu’illustrent les panneaux élaborés par l’Institut
CGT d’Histoire sociale. Autant de luttes, d’adhésions, de constructions et d’amertume ! Catherine Couturier, de la fonction publique territoriale,
rappelle que « la CGT 78 est née de l’explosion administrative de la Seine et Oise. Avec la récente réforme territoriale, comment préserver la proximité pour répondre aux besoins immédiats ? »
L’indispensable solidarité
Ce qui compte, c’est bien
l’interprofessionnel, les UL et les
UD, s’accordent-ils à dire. « Chacun dans sa boîte a tendance à ne s’intéresser qu’à soi. Il faut écouter ce qui se passe
ailleurs. » Pour Jean-Pierre Lemaire, retraité de chez Renault, le syndicat est facteur d’organisation et d’intégration. « Au Val Fourré, il y avait les Portugais, les Africains. Quand un de nos mômes se perdait, on le mettait au boulot, ça le sociabilisait. » Il remercie son camarade Jacques Saint-Amaux ancien maire de Limay, « permanent, venu nous aider… même si à Renault, on formait une union locale à nous tout seuls ».
Chacun a décliné ses faits d’arme. Parce que, oui, « c’est
une guerre », affirme Joseph qui soutient l’UL des Mureaux depuis 43 ans. Tous le disent : entre patron et ouvriers, le rapport de force oblige à se regrouper, à être solidaire, à se syndiquer. Impossible de lutter seul et de « ne pas tomber dans la division OS/cadres, sous-traitants/internes, syndiqués/autres, Français/étrangers… ». La voix d’Henri Rollin est fatiguée mais elle dit l’essentiel. « Aux élections professionnelles, malgré les pressions, on avait des élus ! Ils n’ont jamais réussi à nous empêcher d’exister. Ils n’y arriveront jamais ! »