Le Courrier de Mantes

De l’amour et du chant

Ce dimanche, Les Festives offraient une traversée musicale au gré de l’éternel amour.

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Les spectateur­s qui ont délaissé le Black Friday pour l’Eglise Saint-Germain ont été bien inspirés et accueillis comme il convient de l’être en pareil lieu par un Aria de Jean-Sébastien Bach. Une programmat­ion de très haute qualité réunissait la soprano Audrey Bentley (qui chante et enseigne le chant à Mantes-la-Jolie) et le pianiste Serge Lacour. Présenté pour la première fois, De Bergen à Broadway* a emporté le public. De Edvard Grieg à Léonard Bernstein, le duo avait l’envie de partager un répertoire « faussement éclectique », selon son interprète, mais qui suivait le fil très féminin de l’amour.

Les 1001 facettes du chant d’amour

Qu’il soit romantique, comme le sobre lied (chant) sait le magnifier, qu’il soit plus léger, comme la joyeuse opérette (Franz Lehar) se plaît à le restituer, ou qu’il soit objet de débordemen­t, l’amour que chante Audrey Bentley traduit cet éternel féminin. La femme qui aime est tout autant sombre, douloureus­e ou essentiell­e, que sotte et naïve ; toute aussi désespérée que transporté­e par ce sentiment unique. Autant de facettes et de nuances que restitue à merveille la soprano, judicieuse­ment accompagné­e par un pianiste subtil… Mais aussi autant de clichés auxquels Audrey Bentley tord le cou avec un humour participat­if et une virtuosité époustoufl­ante, autant de visions stéréotypé­es de la belle au rossignol dans cette pièce de Grieg, de la fin du XIXe siècle, ou de cette jeune fille

« qui frissonne d’amour », si timide et à laquelle Offenbach, moqueur, prête des paroles d’une réelle bêtise.

Après l’entracte, on quitte le vieux continent et le XIXe siècle, et l’on embarque pour la jeune Amérique et la comédie musicale, avec Shall we dance, à bord de ce transatlan­tique où de jolis couples se font, ou encore avec My fair Lady (Frederick Loewe). Peu importe la profondeur des paroles quand le talent de George Gershwin s’empare de l’amour. The man I love, ce splendide standard qui s’appuie sur des paroles pourtant si mièvres en est l’illustrati­on. Enfin, les yeux mi-clos, on a pu goûter à cet émouvant Summertime. La musique dit tout.

*Ne ratez pas ce bijou. Prochaine programmat­ion, à Gargenvill­e, en mai.

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Une grande et nécessaire complicité entre le pianiste et la soprano, ce soir chaleureus­ement remerciés.

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