10 ans et combien de vies changées ?
L’émotion était réelle, ressentie grâce à des discours simples et sincères, vendredi, dans les locaux de la ressourcerie de l’association La Gerbe. Elle y a fêté le 10e anniversaire de son chantier permanent d’insertion. Il permet non seulement à des projets humanitaires de voir le jour mais aide aussi des personnes sans emploi à renouer avec le monde du travail. Beaucoup d’anciens sont venus apporter leurs témoignages, et saluer, enlacer, embrasser leurs anciens collègues devenus amis.
La ressourcerie de La Gerbe était pleine de monde. On y a croisé Gul, un jeune Afghan de 24 ans arrivé il y a deux ans en France. Comme beaucoup, il était dans une situation extrêmement précaire avant de décrocher un emploi au sein de
l’association. « J’étais comme un clochard, je prenais les bus de nuit pour aller nulle part, juste pour ne pas être
dehors », se souvient-il, sans aucun pathos. Au contraire, ce sourire qui semble ne jamais le quitter grandit quand il évoque son passage sur le chantier. « Ma vie a changé. Ici j’ai
pu passer mon permis pour conduire des engins de chantier et aujourd’hui je travaille à Levallois dans le bâtiment. Je suis devenu une personne normale », résume-t-il au micro devant un public composé de gens ayant connu des parcours similaires. Tous ont réceptionné et trié de la marchandise, appris
la logistique d’un entrepôt, la préparation de convois humanitaires. Parallèlement, ils étaient épaulés dans leurs demandes de logement, de formation, de recherche d’emplois…
10 ans, 267 contrats
Jean-Marc Sémoulin, le directeur, invite les plus timides à prendre la parole à leur tour. Après un début difficile, le micro passe de mains en mains. Le cosmopolitisme impressionne. Erythrée, Tibet, Ukraine, Irak,… Ici, on parle beaucoup de langues mais on apprend surtout le français en travaillant. Beaucoup de remerciement et de cris d’amour dans les discours. Tous disent la même chose : le passage sur le chantier d’insertion a changé leur vie. En dix ans, 267 contrats ont été signés.
« Clochard »