L’intérêt général et moi et moi et moi…
Contre les grands projets inutiles, parfois abusivement déclarés d’intérêt collectif, des mobilisations nouvelles et des formes d’actions originales se développent. L’Astroport leur a consacré une soirée.
L’Astroport a souhaité sa bonne année avec du lourd vendredi : la projection du film L’intérêt général et moi de Sophie Metrich et Julien Milanesi, suivie d’un débat qui s’est prolongé jusqu’à pas d’heure tant il a été alimenté : des militants d’associations locales menant le même combat pour l’intérêt général, le vrai, et qui se heurtent aux décisions administratives de soi-disant utilité publique, ont témoigné. Comme toujours, cette rencontre a fait le plein.
L’intérêt général, c’est quoi ?
Le film donc : on y voit des citoyens qui se regroupent et bataillent depuis des années voire des décennies contre trois projets d’infrastructure mis en oeuvre au nom de l’intérêt général, l’aéroport de Notre-Damedes-Landes, la LGV (ligne grande vitesse) Sud-Ouest et l’autoroute A 65.
Et la grande question que cela pose : comment se forge aujourd’hui la notion d’intérêt général ? Comme l’a résumé Laetitia Sancher, conseillère générale EELV présente dans la salle, ces grands projets pointés dans le film tout comme « les
projets inutiles » du collectif Novipals (Non aux projets inutiles en Val de Seine) ont beaucoup en commun : ils datent souvent des années 70-80 et ont donc été arrêtés dans un contexte très différent. Aujourd’hui ils font souvent l’objet d’un PPP (partenariat public-privé) où les intérêts de multinationales prévalent. En commun aussi, en face du côté des contestataires, une détermination énergique, les réseaux sociaux qui permettent de populariser leur action et un gros travail pour étayer leur argumentaire : « C’est en creusant des piles de documents et d’arrêtés
administratifs qu’on a soulevé bien des lièvres comme les conséquences catastrophiques sur l’eau potable ou la santé des gens », raconte Dominique Pélegrin présidente de l’AVL3C (contre l’extension des carrières).
Pire ! Un projet visiblement aberrant peut en cacher un autre comme va le démontrer le représentant de « Non au pont
d’Achères » : « Ce pont qui ne désenclaverait rien du tout et saturerait encore plus la circulation, on l’a démontré et l’enquêteur public s’est rendu à nos arguments, préparera en fait l’arrivée d’une autoroute : ce saucissonnage des projets est souvent utilisé ». Le rôle des élus, des lobbies et des journaux (appartenant souvent au même monde financier) ont été passés en revue… Oui, une bien longue, mais instructive soirée !