La La Land

Quand les planètes s’alignent et que tout fonctionne dans un film, on peut parler de petit miracle. Et c’est aussi la meilleure façon de décrire « La La Land », troisième long métrage de Damien Chazelle. Trois ans après le déjà très fort « Whiplash », le metteur en scène parle à nouveau de jazz et des sacrifices que requièrent l’art et la réalisation de ses rêves, mais avec plus de couleurs. Là où il se référait à « Full Metal Jacket » en 2014, il convoque ici « Chantons sous la pluie », « Les Parapluies de Cherbourg » ou « West Side Story ». Des influences parfaitement digérées et utilisées avec pertinence, là où un réalisateur aussi jeune que lui aurait pu être tenté de seulement étaler sa culture sur grand écran ou se faire plaisir avec un gros hommage gratuit à ses films de chevet. Une preuve parmi d’autres de la maturité dont fait preuve celui qui vient de fêter ses 32 ans et pourrait durablement marquer l’histoire de la comédie musicale. Et ce rien qu’avec sa scène d’ouverture, numéro ébouriffant sur une bretelle d’autoroute qui nous laisse sans voix, avant de nous faire entrer dans l’histoire qui fait se rencontrer une actrice en devenir et un pianiste un brin désabusé dans le Los Angeles d’aujourd’hui. Mieux vaut s’arrêter là en ce qui concerne le très solide scénario, dont il faut apprécier les subtilités sur le moment. Sachez juste qu’il ne considère pas le terme « romantique » comme un gros mot, mais ne sombre pas dans la niaiserie que l’on aurait pu redouter. Beaucoup plus amer que prévu, il nous assène même le coup de grâce dans un final dévastateur qui achève ce récital. Lequel doit beaucoup à son duo central, Emma Stone et Ryan Gosling : énergiques, drôles, dansants, chantants, émouvants et complices, ils forment le coeur qui bat pendant plus de deux heures et nous fait vibrer, rire et verser plus d’une larme au fil des morceaux de bravoure qui se succèdent. Virtuose de bout en bout, « La La Land » rappelle que de très belles choses peuvent encore nous venir d’Hollywood. Un véritable bijou à voir et revoir, et que l’on imagine très bien faire main basse sur les prochains Oscars fin février.