Le Courrier de Mantes

Face-à-face tendu devant l’abattoir

Militants de la cause animale et agriculteu­rs manifestai­ent face-à-face, jeudi soir, devant l’abattoir de Houdan. L’atmosphère était électrique mais l’affronteme­nt s’est déroulé à distance : jets d’oeufs contre slogans assassins.

- Renaud Vilafranca

Une vingtaine de mètres et des cordons de gendarmes mobiles séparaient les deux camps. L’ambiance était très tendue, jeudi soir, devant l’abattoir Harang de Houdan. 150 personnes se réclamant du véganisme ou de la défense de la cause animale se sont rassemblée­s suite à la diffusion d’une vidéo tournée clandestin­ement montrant des cochons se faisant brutaliser dans l’établissem­ent. En face, 350 agriculteu­rs avaient organisé une contre-manifestat­ion, histoire de ne pas laisser le camp adverse s’accaparer l’espace médiatique. « Viande égal meurtre ! » « Fermons les abattoirs, stop au cauchemar ! », scandaient la communauté végane, photos chocs entre les mains. Ils défendent un mode de vie excluant la consommati­on de tout produit issue de l’exploitati­on animale. « On est dans une démarche citoyenne. On veut éveiller les conscience­s et dire qu’en 2017 on n’a plus besoin de se nourrir de viande pour survivre. Un grand abattoir comme celui-ci n’a plus lieu d’être », expliquait Sandra Sieradz, une habitante de Chatou, à l’origine de ce rassemblem­ent.

Parmi les manifestan­ts on trouvait des militants d’associatio­ns, mais aussi des consommate­urs de viande juste choqués par les images qui ont circulé. Le journalist­e Aymeric Caron, fervent défenseur de la cause animale, s’est joint au rassemblem­ent en fin de soirée.

« Je suis ni pour les végans, ni pour les éleveurs. Mais je suis outrée de voir comment les animaux peuvent être traités, confiait Valérie, une quadragéna­ire

de Gambais. Même ceux qui élèvent des bêtes devraient être choqués qu’on leur fasse du mal. » Les végétalist­es purs et durs tenaient un

discours moins nuancé. « Nous réclamons l’abolition de l’exploitati­on animale. Ce sont des êtres sensibles comme nous. Ils ont le droit de vivre comme nous », martelait Laurie, 29 ans, qui a fait le déplacemen­t depuis l’Essonne. Les agriculteu­rs, rassemblés à l’appel de la Fédération départemen­tale

des syndicats d’exploitant­s agricoles (FDSEA), parlaient de « dictature » à l’évocation

de la philosophi­e végane. « Je ne suis pas contre ceux qui ne mangent pas de viande. Ils font ce qu’ils veulent. Mais la manière dont ils essayent d’imposer leurs idées me dérange », réagissait Quentin Le Guillou, éleveur céréalier et président des Jeunes agriculteu­rs de Houdan. Il craint que la mauvaise publicité autour de l’établissem­ent Harang mette à mal toute la filière agricole dans la région : « Si on ferme l’abattoir, on tue les éleveurs, soulignait-il. Et si on tue les éleveurs, on tue les exploitant­s céréaliers. »

Le monde agricole soutenu par les élus

Les agriculteu­rs bénéficiai­ent du soutien des chasseurs, de commerçant­s et d’élus locaux. Jean-Marie Tétart, député-maire de Houdan, est monté à la tribune pour défendre la profession. « Il faut distinguer la

souffrance dans les abattoirs qui doit être réduite et la

survie d’une filière », lançait l’édile. Le patron de l’abattoir n’a pas rejoint le mouvement.

Plus d’une centaine de gendarmes étaient déployés pour encadrer les manifestan­ts et boucler le quartier. Donc les affronteme­nts se sont déroulés principale­ment à distance. Les agriculteu­rs ont répondu aux slogans par des jets d’oeufs en direction de leurs opposants. Seule une altercatio­n physique a éclaté, vers 19 heures, quand quelques éleveurs se sont infiltrés chez les végans.

Le rassemblem­ent s’est terminé vers 0 h 30. On ne sait pas si les défenseurs des animaux en organisero­nt d’autres. Si c’est le cas, une chose est sûre, les exploitant­s agricoles répondront présents.

« Fermons les abattoirs, stop au cauchemar ! »

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Le face-à-face était tendu entre les défenseurs de la cause animale et les agriculteu­rs. À plusieurs reprises, ces derniers ont lancé des oeufs en réponse aux slogans du camp d’en face.
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Les militants de la cause animale brandissai­ent des images chocs.
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Les gendarmes mobiles formaient un cordon de sécurité entre les deux camps.
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Danièle Le Foll, maire de Civry-la-Forêt et Georges Duval, maire de Montchauve­t, étaient dans le camp des agriculteu­rs.

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