Egalité hommes-femmes dans le public : encore du travail
Françoise Descamps-Crosnier est l’auteure d’un rapport sur l’égalité hommes-femmes dans la fonction publique qu’elle présente à Matignon aux côtés du Premier ministre Bernard Cazeneuve ce 8 mars, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes.
La députée a mené un travail de fond sur le sujet, compulsé une masse impressionnante de données et d’études et recueilli 856 témoignages dans les trois fonctions publiques, hospitalière, d’État et territoriale.
« On aurait pu penser a priori que les inégalités seraient moins grandes dans la fonction publique que dans le privé, le système de la grille indiciaire limitant les inégalités de salaires. Pourtant, on constate des disparités flagrantes »,
affirme Françoise Descamps Crosnier.
À 50 ans, une femme gagne en moyenne 4 000 € (bruts) de moins par an qu’un homme en catégorie C (agents), 5 400 € en catégorie B (encadrement intermédiaire) et 11 400 € en catégorie A (cadres et chefs de services).
Outre les salaires, son rapport met au jour de grandes
« Certains métiers sont plus féminisés que d’autres. C’est dans les secteurs d’activités les plus féminisés que l’on trouve les carrières les plus courtes et les points de départ les plus bas. Plus une profession se féminise, plus l’évolution de carrière est difficile »,
explique-t-elle à la lumière de ses recherches. Le plafond de verre existe donc bel et bien, dans la fonction publique comme dans le reste de la société.
C’est une situation que l’on rencontre notamment dans la magistrature, un métier à l’origine presque exclusivement masculin qui compte aujourd’hui dans ses rangs une majorité de femmes. Elles représentent 80 % des diplômés de l’École nationale de la magistrature (ENM) et près de 60 % des juges, mais n’occupent que 30 % des échelons les plus élevés.
Pour Françoise Descamps Crosnier, la cause féminine est un vieux combat, entamé lorsqu’elle était toute jeune juriste.
« Quand on essaie de réduire les inégalités hommesfemmes, c’est toute la société que l’on améliore »,
constatet-elle en prenant un exemple de la vie quotidienne.
« Quand les femmes sont entrées dans la gendarmerie, on a mis en place des plannings pour anticiper les emplois du temps de chacun car les femmes en avaient besoin pour organiser la vie de famille. Avant c’était au jour le jour. C’est un progrès dans l’organisation du travail qui a aussi bénéficié aux hommes. »
François Descamps-Crosnier accompagne son rapport de 55 propositions.
« Nous n’avons pas forcément besoin de nouvelles lois, mais la fonction publique doit faire des efforts dans le management et la gestion des ressources humaines, dans la valorisation des métiers les plus féminisés et dans la formation »,
résume-t-elle. F.C.