À l’Astroport : la Russie sur l’écran et dans l’assiette
Le réalisateur de documentaires Jean-Michel Carré était l’invité du café associatif, dont le succès ne se dément pas.
Depuis1999 « qu’il le suit », le réalisateur Jean-Michel Carré, s’il ne connaît évidemment pas Poutine - qui le connaît ? - a accumulé les éléments d’analyse et développé un argumentaire solide. C’est ce que les Passagers de l’Astroport ont pu découvrir et discuter avec lui, vendredi soir, à partir de son documentaire Poutine, le nouvel empire diffusé sur France 2 en décembre dernier. Que Poutine soit un dictateur, Jean-Michel Carré ne le conteste pas. Et pourtant, plus de 90 % des Russes l’aiment. Pourquoi ? Parce qu’en voulant repositionner la Russie comme une superpuissance alors qu’avec la chute du communisme, elle avait perdu toute son influence, il rend au peuple sa dignité. À partir de l’itinéraire de l’obscur apparatchik du KGB qui aujourd’hui, a retrouvé le même poids que le président des États-Unis, Carré explore notamment à travers les conflits - Syrie bien sûr mais aussi Tchétchénie, Ukraine -, les responsabilités des uns et des autres : Hubert Védrine, ex-ministre des Affaires étrangères, l’un des fils rouges du docu, l’étaie de ses commentaires, eux aussi avisés. Ainsi, si l’Europe avait été plus présente à la fin du l’URSS, Poutine ne serait devenu aussi antieuropéen avec les conséquences qui s’ensuivent : son changement de cap vers l’Asie pour rétablir la puissance de la Russie. Un débat d’autant plus passionnant qu’il a été alimenté par des Ukrainiens, a suivi : avec un fort moment d’émotion lors du témoignage d’une jeune Ukrainienne qui n’a pu contenir ses larmes. Et ce Vendredi de l’Astroport a encore fait le plein ! a répondu à l’appel à projets du Département en direction des « lieux culturels innovants » : créée en août 2 014, l’association Les Passagers de l’Astroport - une trentaine de bénévoles avec sa formule du café associatif -, a rassemblé 300 adhérents et a fait découvrir ce lieu assez magique à plus d’un millier de personnes. Deux nouveaux projets sont lancés : la création d’un Musée de l’imaginaire autour de l’oeuvre du plasticien Jacques Lélut, propriétaire des lieux, et celle d’un Fablab, atelier de fabrication numérique ; lesquels ont donc été présentés dans cet appel à projets, histoire de bénéficier d’un « coup de pouce ». Bien mérité, semble-t-il !