À la SNCF, les sanctions pleuvent contre les militants syndicaux
L’entreprise publique multiplie les mesures disciplinaires contre les délégués syndicaux. L’un d’eux, Édouard Postal, s’est suicidé sur son lieu de travail à la gare Saint-Lazare.
Édouard Postal venait de recevoir un dernier avertissement avant licenciement, assorti de douze jours de mise à pied. Le cheminot, délégué Sud Rail, s’est suicidé le 10 mars à la gare Saint-Lazare. Son geste a provoqué un émoi considérable. Mercredi 15 mars, près de deux mille personnes se sont rassemblées devant la gare et au bord du quai 1, pour jeter des fleurs sur la voie.
Cinq organisations syndicales de cheminots, la CGT, FO, Sud Rail, la CFDT et l’Unsa, ont publié un communiqué commun :
« En finir avec la répression syndicale ! » « justice pour Édouard ».
qui réclame Ce texte raconte avec beaucoup de détails comment il fut
« victime durant des années et des années de harcèlement et de discrimination ».
« Son tort aux yeux de la direction était d’avoir passé le concours d’agent de maîtrise sans pour autant avaliser la politique de la SNCF. C’est un crime de lèse-majesté »,
raconte le Mantais Eric Bezou, délégué FO, qui était un ami proche. En 2015, Édouard Postal avait obtenu la condamnation de la SNCF pour
devant la cour d’appel de Paris. L’arrêt est si bien motivé que le Défenseur des droits l’a publié sur son site Internet. Le jugement a été infirmé par la Cour de cassation, mais pour des questions de forme.
» « discrimination
En octobre 2016, Édouard Postal avait été traduit devant un conseil de discipline pour
« harcèlement et intimidation envers la direction ».
Un accusateur (anonyme) attestait que [était]
La sanction était tombée : mutation forcée à Brétigny-sur-Orge.
« son regard effrayant ».
« Comme ces dirigeants jusqu’au-boutistes sont prêts à tout, ils ont fini par activer fin février le déplacement par mesure disciplinaire alors qu’ils avaient connaissance d’un courrier d’un psychologue SNCF et d’un autre externe à l’entreprise dans lesquels ils préconisaient qu’Édouard garde ses attaches professionnelles et syndicales pour son équilibre et recommandait qu’il ne soit pas sorti de son environnement. Courriers qui aujourd’hui résonnent comme une prophétie ! Courriers que les dirigeants ont préféré ignorer ! »
Les organisations de cheminots racontent qu’un fort vent de répression souffle à la SNCF. Plusieurs conseils de discipline doivent être réunis dans les prochains jours.
Deux membres du CHSCT de Saint-Cloud et de Mantesla-Jolie sont ainsi proposés à la radiation. Le suicide d’Édouard Postal révèle-t-il au grand jour
« un mal-être généralisé » ?
Les délégués soutiennent que la SNCF
« vit la même situation que France Télécom ou la Poste »
au moment des vagues de suicides. Fait assez unique, cinq organisations de cheminots préviennent :
Des élus de CHSCT de Saint-Cloud et Mantes pourraient être radiés des cadres
« Pour une simple chemise arrachée, des militants syndicaux se sont fait condamner à de la prison avec sursis, ont été qualifiés par les patrons de voyous, de terroristes… Alors sachez-le, nous ne laisserons pas les responsables de la direction impunis et nous ne lâcherons rien pour que les responsables de ce drame soient traduits devant les tribunaux et que la responsabilité de l’entreprise soit reconnue ! »