The Lost City of Z
DE JAMES GRAY
Il y avait eu Quentin Tarantino et « Inglourious Basterds » ou, plus récemment, Martin Scorsese et un « Silence » mûri pendant vingt-six ans. Et c’est aujourd’hui au tour de James Gray de rejoindre le club des cinéastes qui ont fini par concrétiser un projet au long cours, « The Lost City of Z » en l’occurrence. Tous ceux qui suivent l’actualité du cinéma, et du réalisateur en particulier, ont sans aucun doute entendu ces mots prononcés à plusieurs reprises, tant l’Américain cherchait depuis longtemps à mettre en scène le roman de David Grann, lui-même inspiré des aventures de Percy Fawcett, un Britannique qui, au début du XXe siècle, a mystérieusement disparu au coeur de la jungle brésilienne alors qu’il s’était mis en tête de trouver une cité amazonienne perdue datant de l’Atlantide. Une quête qui a vite tourné à l’obsession puisqu’il ne pouvait rester chez lui une fois revenu en ayant fait chou blanc, et se sentait obligé de repartir au plus vite, malgré le scepticisme de la communauté scientifique, qu’il ne parvenait à convaincre. Une structure qui confère au long métrage un aspect des plus personnels, puisqu’entre manque de financements, reports divers et variés et valse d’acteurs (Brad Pitt et Benedict Cumberbatch ont été envisagés avant de devoir laisser la place, au profit de Charlie Hunnam), James Gray a également dû aller et venir sur ce projet qui semblait l’obséder. Et qui, s’il s’inscrit dans la veine historique de « The Immigrant », détonne aux côtés de ses oeuvres précédentes, preuve qu’il n’est pas seulement capable de filmer New York et Joaquin Phoenix. Même s’il lui manque un petit quelque chose d’ampleur pour atteindre les sommets de ses modèles, de Rudyard Kipling à Francis Ford Coppola, « The Lost City of Z » parvient à nous plonger dans une ambiance, grâce notamment à sa somptueuse photographie, à tel point qu’il nous tarde, nous aussi, de retourner dans la jungle lorsque le héros la quitte. Le voir sur grand écran est donc indispensable, pour maximiser l’immersion et parce que le voyage n’est pas loin d’être à la hauteur de l’attente suscitée par ses très longs préparatifs.