Le Courrier de Mantes

Ils veulent sauver le jeune migrant de l’expulsion

Un jeune migrant Soudanais hébergé à Mézy, et qui serait mineur, est aujourd’hui retenu dans un centre de rétention à Plaisir. Il est menacé d’une reconduite en Italie malgré son jeune âge.

- K.B.

Il est parti du Darfour, a traversé la Lybie, a pris la mer jusqu’en Italie pour enfin terminer son périple en France, à Mézy-sur-Seine, au mois d’août de l’année dernière.

La situation de celui que l’on appelle « Bambino » (petit garçon en italien ndlr), jeune migrant soudanais, est préoccupan­te. Il est actuelleme­nt retenu au centre de rétention de Plaisir en attendant d’être reconduit en Italie, premier pays européen à l’avoir accueilli.

Mais voilà, « Bambino » a reçu son surnom car il est bien plus jeune que tous les autres migrants du centre d’hébergemen­t d’urgence (CHU) de Mézy. Il serait mineur et aurait donc le droit de rester sur le territoire français.

Orphelin

« Bambino » n’a plus de parents. Selon son témoignage recueilli par des militants du collectif d’habitants Voisins solidaires de Mézy, il aurait perdu son père et sa mère serait disparue. Il a donc quitté la guerre du Darfour avec un adulte proche de sa famille, son comme il l’appelle. Il ne l’a pas quitté

« oncle »,

depuis son départ du Soudan et jusqu’à son arrivée à Mézy. En Italie, lorsque les autorités lui ont demandé son âge, le garçon, qui ne parle ni Français ni Italien, aurait menti pour se vieillir d’une dizaine d’années. En prétendant avoir 25 ans, il savait qu’il ne serait pas séparé de son oncle.

Visage juvénile

Il arrive donc à Mézy, au milieu d’hommes adultes et ne réalise pas qu’il n’est pas à sa place. Son visage que tous ceux qui l’ont rencontré décrivent comme très juvénile ne laisserait pas place au doute : « bambino » est un adolescent d’une quinzaine d’années et non un adulte. Rapidement, le jeune devient la mascotte du CHU et profite enfin du repos que lui offre cet hébergemen­t.

Mais voilà, aux yeux de l’administra­tion, « bambino » est majeur et doit donc être reconduit en Italie. La préfecture, (qui n’a pas répondu à nos questions) le convoque au mois de décembre, comme des centaines d’autres migrants, pour organiser un retour en Italie.

« Il ne comprenait pas très bien ce qu’il se passait. Il a dit aux autorités qu’il refusait de partir pour rester avec son oncle et il a été fiché comme quelqu’un qui risquait de s’enfuir. Il a donc été placé en rétention à Plaisir. C’est malheureus­ement la procédure habituelle »,

explique Odile Jouanne, militante du Réseau éducation sans frontières (RESF), qui s’est emparé du dossier.

Au centre de rétention, tout le monde se rend bien compte que le jeune est mineur mais la machine administra­tive, une fois lancée, ne s’arrête pas si facilement.

« Il est passé quatre fois devant les juges et malgré les appels et les demandes de tests osseux pour prouver son âge, ils ont décidé de le laisser en rétention. C’est illégal, la France n’a pas le droit d’expulser un mineur »,

rappelle la militante qui ajoute :

« C’est honteux, tout le monde tourne la tête, ils se servent de son mensonge pour le renvoyer. »

« Son avenir est dans une classe »

A Mézy, un comité de soutien a été créé par le collectif Voisins solidaires. Une trentaine de personnes ont organisé un rassemblem­ent de soutien le 20 mars dernier à Plaisir et certains ont pu rendre visite à « Bambino ». Tous l’ont décrit comme amaigri, apeuré et complèteme­nt déboussolé.

« Le seul avenir raisonnabl­e de « Bambino » se trouve en France dans le cadre d’une prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Sa place est dans une classe pas dans un centre de rétention »,

insiste Odile Jouanne.

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