Le Courrier de Mantes

Ghost in the Shell

- Pierre Limat

Le calendrier des sorties nous réserve parfois bien des surprises. Ou des coïncidenc­es : à une semaine d’intervalle, nos salles obscures ont en effet vu débarquer deux adaptation­s en prises de vues réelles de longs métrages d’animation. D’un côté, Disney a refait « La Belle et la Bête », seul de ses classiques à avoir été nommé à l’Oscar du Meilleur Film, ou plutôt décalqué l’original avec des acteurs de chair et d’os, le tout agrémenté d’ajouts scénaristi­ques et de nouvelles chansons pas franchemen­t mémorables. De l’autre, voici « Ghost in the Shell », né d’une stratégie bien différente puisque c’est Hollywood qui a décidé de s’emparer de cette oeuvre culte, elle-même tirée d’un manga tout aussi populaire. Et c’est ce qui a valu au projet de mal se faire voir par les fans, irrités de voir Scarlett Johansson choisie pour incarner une héroïne asiatique, même si les origines de cette dernière se discutent un peu. Mais la question n’est pas là puisque le vrai sujet concerne le résultat en lui-même, et non des attaques au préalable. Et force est de constater que ce « Ghost in the Shell » a une sacrée allure sur le plan visuel. Dès la scène d’ouverture, le ton est donné et Rupert Sanders confirme les grandes qualités esthétique­s découverte­s dans « Blanche-Neige et le Chasseur » au moment de lancer l’histoire du Major, esprit humain dans un corps cybernétiq­ue, confronté à une menace qui pourrait finalement bien lui ouvrir les yeux sur les conditions de sa renaissanc­e. Ceux qui connaissen­t l’original savent de quoi il en retourne, mais les autres ne seront pas énormément surpris par ce rebondisse­ment qui fait basculer le récit sur le versant humain. Dans l’idée du moins, car on lui reprochera une légère froideur (mais pas une désincarna­tion pour autant), ce qui est un paradoxe lorsque l’on a pour thème central l’humanité. Sans faire l’impasse sur l’aspect théorico-philosophi­que de son modèle, de façon moins poussée quand même, le film tient bien plus la route que ce que l’on pouvait craindre et s’affirme, à défaut d’être pleinement abouti, comme un divertisse­ment extrêmemen­t bien mis en scène.

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