Le Courrier de Mantes

Des agents du Mantois en conseil de discipline pour des tweets

Deux agents de Mantes et Aubergenvi­lle, élus de CHSCT, passent aujourd’hui devant le conseil de discipline. En cause : leur usage des réseaux sociaux. L’un d’eux est sous la menace d’une radiation.

- Claude Cécile

Fini de rire à la SNCF. Il n’y a pas si longtemps, l’entreprise publique encouragea­it ses représenta­nts du personnel à devenir des Elle traduit désormais devant le conseil de discipline ceux qui outrepasse­nt sur Twitter, selon elle, les limites de la liberté d’expression.

Deux délégués Force ouvrière, Eric Bezou et David Peyrouty, doivent répondre de leurs écrits ce mercredi. Les organisati­ons syndicales de cheminots, traumatisé­es par le suicide du délégué Sud Rail Édouard Postal (notre édition du 22 mars), appellent à un rassemblem­ent de soutien à 12 h 30 à la gare Saint-Lazare.

« délégués 2.0 ». « Tartuffes sociopathe­s »

Contre David Peyrouty, agent d’accueil à la gare d’Aubergenvi­lle, l’entreprise réclame la radiation des cadres après 17 années de service. Il est accusé d’avoir publié sur Twitter

« des propos humiliants, irrespectu­eux et injurieux »

à l’encontre de cadres de son établissem­ent. Il a ainsi lancé sur le réseau le hashtag #TartuffesS­ociopathes. Qu’il assume :

« Tartuffes, parce qu’ils sont incapables de faire rouler les trains à l’heure. Sociopathe­s, parce qu’ils font du mal aux agents, que nous voyons autour de nous tomber comme des mouches. »

David Peyrouty s’est battu comme délégué contre la mise en place du plan « Petits collectifs » qui s’est traduit par une montée en flèche des arrêts maladie et par une perte de primes conséquent­e pour les agents de réserve. Devant le conseil de discipline, il fera valoir que la procédure contre lui a été engagée au moment où, au titre du CHSCT, il a demandé une expertise sur plusieurs nouvelles réorganisa­tions.

Contre le Mantais Eric Bezou, l’entreprise demande 12 jours de mise à pied et un

« dernier avertissem­ent »

(avant radiation). Outre quelques noms d’oiseaux, on lui reproche le tweet suivant :

« Polyvalenc­e imposée contraire à la sécurité des agents et des voyageurs ».

La SNCF devra démontrer qu’un tel message ne relève pas de l’expression normale d’un délégué : ce n’est pas gagné.

Plus gênant pour la SNCF : ce sont ses dirigeants qui ont commencé la bagarre sur Twitter. L’un d’eux, directeur d’établissem­ent adjoint pour les lignes LAJ, met en cause régulièrem­ent les instances représenta­tives du personnel sur le réseau social. Un parking voyageurs est-il fermé ? Le directeur adjoint désigne le coupable sur Twitter : c’est le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail. Le même accuse gravement :

« Un membre de CHSCT peut-il oublier son obligation de prévention pour raisons de grève ? Respect des agents. »

C’est pour répondre à ces tweets provocateu­rs que les deux délégués se sont inscrits sur le réseau.

Contactée par le Courrier, la direction de la SNCF indique qu’elle

« ne fera pas de commentair­es » « s’en tient à la procédure ».

et qu’elle

 ??  ?? Les cadres dirigeants de la SNCF ne sont pas les derniers à tweeter, tel ce responsabl­e de Saint-Lazare qui s’en prend aux représenta­nts du personnel. Au centre d’hébergemen­t d’urgence de Mézy, « Bambino » était devenu la mascotte.
Les cadres dirigeants de la SNCF ne sont pas les derniers à tweeter, tel ce responsabl­e de Saint-Lazare qui s’en prend aux représenta­nts du personnel. Au centre d’hébergemen­t d’urgence de Mézy, « Bambino » était devenu la mascotte.

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