Des agents du Mantois en conseil de discipline pour des tweets
Deux agents de Mantes et Aubergenville, élus de CHSCT, passent aujourd’hui devant le conseil de discipline. En cause : leur usage des réseaux sociaux. L’un d’eux est sous la menace d’une radiation.
Fini de rire à la SNCF. Il n’y a pas si longtemps, l’entreprise publique encourageait ses représentants du personnel à devenir des Elle traduit désormais devant le conseil de discipline ceux qui outrepassent sur Twitter, selon elle, les limites de la liberté d’expression.
Deux délégués Force ouvrière, Eric Bezou et David Peyrouty, doivent répondre de leurs écrits ce mercredi. Les organisations syndicales de cheminots, traumatisées par le suicide du délégué Sud Rail Édouard Postal (notre édition du 22 mars), appellent à un rassemblement de soutien à 12 h 30 à la gare Saint-Lazare.
« délégués 2.0 ». « Tartuffes sociopathes »
Contre David Peyrouty, agent d’accueil à la gare d’Aubergenville, l’entreprise réclame la radiation des cadres après 17 années de service. Il est accusé d’avoir publié sur Twitter
« des propos humiliants, irrespectueux et injurieux »
à l’encontre de cadres de son établissement. Il a ainsi lancé sur le réseau le hashtag #TartuffesSociopathes. Qu’il assume :
« Tartuffes, parce qu’ils sont incapables de faire rouler les trains à l’heure. Sociopathes, parce qu’ils font du mal aux agents, que nous voyons autour de nous tomber comme des mouches. »
David Peyrouty s’est battu comme délégué contre la mise en place du plan « Petits collectifs » qui s’est traduit par une montée en flèche des arrêts maladie et par une perte de primes conséquente pour les agents de réserve. Devant le conseil de discipline, il fera valoir que la procédure contre lui a été engagée au moment où, au titre du CHSCT, il a demandé une expertise sur plusieurs nouvelles réorganisations.
Contre le Mantais Eric Bezou, l’entreprise demande 12 jours de mise à pied et un
« dernier avertissement »
(avant radiation). Outre quelques noms d’oiseaux, on lui reproche le tweet suivant :
« Polyvalence imposée contraire à la sécurité des agents et des voyageurs ».
La SNCF devra démontrer qu’un tel message ne relève pas de l’expression normale d’un délégué : ce n’est pas gagné.
Plus gênant pour la SNCF : ce sont ses dirigeants qui ont commencé la bagarre sur Twitter. L’un d’eux, directeur d’établissement adjoint pour les lignes LAJ, met en cause régulièrement les instances représentatives du personnel sur le réseau social. Un parking voyageurs est-il fermé ? Le directeur adjoint désigne le coupable sur Twitter : c’est le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail. Le même accuse gravement :
« Un membre de CHSCT peut-il oublier son obligation de prévention pour raisons de grève ? Respect des agents. »
C’est pour répondre à ces tweets provocateurs que les deux délégués se sont inscrits sur le réseau.
Contactée par le Courrier, la direction de la SNCF indique qu’elle
« ne fera pas de commentaires » « s’en tient à la procédure ».
et qu’elle