Quand la voiture devient un transport collectif
« Créer une société dans l’économie solidaire, ce n’est pas être un entrepreneur bisounours. C’est un engagement concret, facteur d’emplois et de création de richesse […] Nous ne sommes pas des enfants de choeur. Nous allons déranger, faire bifurquer le monde dans lequel nous vivons […] En France, on n’a pas de pétrole, mais on
a des sièges libres ». Un brin espiègle et tout à fait sérieux à la fois, Thomas Matagne-Le Provost, cofondateur d’Ecov, la start-up à l’origine de Covoit’ici n’a pas eu de mal à convaincre Martine Pinville, la secrétaire d’Etat chargée du Commerce de la consommation et de l’économie sociale et solidaire en visite à Oinville-sur-Montcient mercredi après-midi (sa dernière sortie officielle avant l’obligation de réserve liée à la campagne de la présidentielle). Cette dernière a souligné combien la mobilité était importante pour lutter contre l’exclusion.
Partant du principe que 83 % des déplacements quotidiens se font en voiture, Ecov a développé un concept de covoiturage souple et connecté. Objectif : faire de chaque voiture qui circule sur un territoire donné un moyen de transport en commun. Une version moderne de l’autostoppeur qui levait le pouce à la sortie des villes, comme l’a rappelé, le maire Stéphane Jeanne, le maire de Oinville-sur-Montcient.
Opérationnel depuis février 2016, le réseau expérimental s’appuie sur une vingtaine de stations qui permettent de mettre en relation de façon rapide des automobilistes et des personnes qui cherchent à se déplacer dans un secteur périurbain et rural entre vallée de seine et Vexin. Une zone quasiment sinistrée pour ce qui est des transports en commun. Tout comme Les Mureaux, Bouafle, Drocourt, Brueil-en-Vexin, la commune de Oinville-sur-Montcient est équipée de l’une de ces stations. Depuis vendredi, Mézysur-Seine s’est ajouté à la liste et en avril ce sera le tour de CergyPontoise d’être connectée.
La start-up qui intervient dans la sphère du service public est soutenue par GPS&O, le PNR du Vexin, le conseil départemental du Val d’Oise et le conseil régional.
Elle fait partie des entreprises de l’économie sociale et solidaire dont Martine Pinville a vanté les mérites : « L’économie sociale et solidaire est une réussite. Elle représente un fort potentiel d’emplois et s’implique
désormais dans des domaines
d’activité très diversifiés », at-elle déclaré avant de rappeler les actions du gouvernement menées pour encourager cette forme activité économique. Une loi de 2014 élargit et clarifie le cadre juridique pour les entreprises qui souhaitent s’engager dans la voie de l’économie sociale et solidaire. Côté financement, aussi on a fait des progrès. La banque publique d’investissement est dotée de 500 M€, le fonds d’innovation sociale de 40 M€, auxquels viennent s’ajouter les fonds d’épargne salariale solidaires.
Symbole de l’innovation, du pas de côté qui permet de regarder la société autrement, des solutions malines pour améliorer le monde, Les Toits de l’espoir qui rénove des bâtiments en ruines pour y installer des personnes sans logement était invité à faire part de son expérience. « On ne fait pas forcément une mauvaise affaire en faisant une
bonne action », a résumé son responsable. Un point de vue que certains investisseurs commencent à comprendre.