Le Courrier de Mantes

La mère éduquait ses enfants à coups de ceinture

- F. Desserre

Une aide à domicile des Mureaux a été jugée ce mardi 21 mars au tribunal correction­nel de Versailles. Némie, 31 ans, était accusé d’avoir frappé régulièrem­ent ses quatre enfants âgés de 6, 10, 11 et 14. L’audience a livré la vie dramatique de la fratrie.

« Tu ne sais pas ce qui t’attend toi ».

Quatre jours plus tôt, Némie se rend au centre de danse Pierre-Doussaint des Mureaux pour récupérer sa fille. Elle est accompagné­e par un de ses fils. À son goût, il ne serait pas assez obéissant. La mère de famille prend sa ceinture de cuir. Elle la plie en deux. Elle se met à frapper le petit de 11 ans, sur les jambes et dans le dos. Le malheureux crie « pitié », hurle

« non, non, non… » Elle l’entraîne dehors sans prêter attention à une employée qui la supplie de se ressaisir. Némie revient dans le centre et s’adresse à sa fille de 11 ans. « Tu ne sais pas ce qui t’attend toi ».

Dès l’âge de trois ans

Sans tarder, le centre prévient la police. La mère de famille est arrêtée. Les enfants sont placés dans plusieurs foyers, entendus par les enquêteurs.

Tous raconteron­t des scènes peu imaginable­s. L’un affirmera ne plus faire attention à ses cicatrices, par habitude. L’aînée avouera ne plus rien sentir. « Quand cela arrive, je ne pense plus qu’à mes groupes de chanteurs. Cela me fait oublier les coups… » Les autres raconteron­t cet usage fréquent de la ceinture, lorsqu’ils n’ont pas envie de faire la vaisselle ou lorsque leur mère estime qu’ils ont fait une bêtise. « Ça a commencé quand j’étais petit. Je crois que j’avais trois ans. C’était avec des sandales », achève de raconter celui qui a 7 ans aujourd’hui. « Pour les élever dans le droit chemin » Némie a surpris tout le monde dans ses premières déclaratio­ns. « C’est pour les élever dans le droit chemin. Chacun sa méthode. Moi aussi j’ai été élevé comme ça, en Haïti. » Et de poursuivre face aux juges : « Je ne savais pas qu’il ne fallait pas taper les enfants en France ». Des propos qui ont le don de faire bondir la présidente. « N’importe qui le sait ! On ne frappe pas les enfants en France, ni ailleurs ! Oui, les enfants font des bêtises. Si on ne l’accepte pas, on n’en fait pas. Même un animal n’est pas frappé de la sorte. Avezvous pensé à la tristesse de vos enfants de vous savoir ici ? »

D’une voix à peine audible, fluette, Némie acquiesce. Et promet. « Je ne recommence­rai pas. »

Face à la situation, le procureur de la République a réclamé une peine d’une année avec sursis. « La culture et la coutume n’ont pas leur place ici. On n’éduque pas les enfants à coups de ceinture ! »

Les juges ont prononcé la peine retenue par les magistrats dans la soirée.

Newspapers in French

Newspapers from France