Les lycéens de Condorcet sur scène pour lutter contre la radicalisation
Quelle mécanique utilisent les recruteurs de Daech ? Quel sort connaissent les radicalisés ? La pièce de théâtre jouée par les lycéens de Condorcet apporte des réponses à ces questions. Le but ? Sensibiliser les plus jeunes à ce phénomène inquiétant.
« Le message à faire passer, c’est que la radicalisation peut toucher toutes les familles musulmanes, mais aussi les athées et toute autre religion. »
Vingt-quatre élèves de terminale gestion administration du lycée Condorcet contribuent à leur manière à la lutte contre le fanatisme religieux. Ils seront sur la scène de la salle municipale, les 4, 11 et 16 mai, pour jouer une pièce de théâtre sur ce thème.
Elle a été écrite par leur professeure de lettres, Stéphanie Sermonat, sous l’impulsion de la municipalité communiste.
« Après la série d’attentats de 2015, l’État avait lancé un appel aux acteurs locaux pour mener des actions de lutte contre la radicalisation. La direction du lycée, qui nourrissait des inquiétudes à ce propos, était très intéressée par l’initiative »,
explique Yannick Rudel, responsable du pôle prévention sécurité de la commune.
Un vent contraire, mis en scène par Miguel Borras, dresse le portrait de deux jeunes filles, embrigadées par différents biais, parties en Syrie connaître un destin funeste. Le scénario balaye cette problématique en long, en large et en travers : du recrutement sur Internet, aux attentats suicides, en passant par les mariages forcés, le sort des femmes sur place… Des élèves de troisième des collèges limayens, des lycéens, les parents des apprentis comédiens, mais aussi élus et représentants de
l’État prendront place dans le public pour ces trois représentations.
« Cette pièce à une vocation didactique, précise l’auteur. Le but est de faire comprendre aux collégiens qu’ils sont l’une des cibles privilégiées des fanatiques. » Pas simple pour ces jeunes,
qui n’avaient jamais foulé les planches, d’aborder ce sujet hautement sensible. Au-delà des contraintes scéniques : parler fort, articuler… La plus grosse difficulté pour eux sera d’endosser des rôles pas vraiment taillés sur mesure, et d’employer le ton adéquat pour parler de ces drames du quotidien. « On a une vraie responsabilité »
« Les scènes sont tirées de la vie réelle. On a une vraie responsabilité », estime Grégory, 19 ans, qui tient le rôle d’un parent. « On doit faire passer un message sur le vivre ensemble », poursuit Jurraïs, qui jouera la maman d’une des deux radicalisées. « On ne doit pas non plus stigmatiser une religion, une origine », souligne Sumeyye, 17 ans, qui enfilera le costume de la camarade d’une des héroïnes. Cette expérience, qui requiert « concentration, discipline et écoute », les éclaire aussi sur certains aspects « effrayants » de la société. « On a compris que ça pouvait concerner tout le monde, indique Giovanna,
19 ans, la Madame Loyal de la pièce. On ne prête pas attention aux gens, mais n’importe qui, même des personnes de notre entourage peuvent se radicaliser. »
Les lycéens travaillent depuis septembre dernier, à raison d’une fois par semaine, sur le spectacle. Ils ont d’abord appris les rudiments du théâtre, avant de se plonger dans la pièce. « Le projet a suscité beaucoup d’appréhension chez les parents, à cause de la thématique, précise Rachida Id Moussa, professeur de lettres et d’espagnol qui collabore au projet. On a dû les rassurer et leur expliquer les enjeux. » « Limay et sa mosaïque de population ne sont pas exemptes de ce problème, insiste Bony Mpunga (PRG), maire adjoint en charge du cadre de vie. Il vaut mieux prévenir que guérir. »
Dans la même veine, l’an prochain, d’autres lycéens s’essayeront au théâtre sur le thème, cette fois, de la théorie du complot.
Une réponse aux attentats de 2015