Le Courrier de Mantes

Une 8e circonscri­ption très convoitée

Ils sont 17 à vouloir remporter l’élection législativ­e sur la 8e circonscri­ption. Revue de détail des candidats et rappel des enjeux principaux sur ce territoire.

- Céline Evain

A 72 heures du premier tour de l’élection législativ­e sur la 8e circonscri­ption, personne n’est capable de déterminer qui sortira en tête dimanche soir.

17 candidats sont en lice. La 8e circonscri­ption des Yvelines n’en a jamais vu autant. Ce territoire, qui rassemble à lui seul Mantes-la-Jolie - la plus grande ville du Mantois -, Mantes-laVille, seule ville frontiste en Ile-de-France, et une dizaine de villages résidentie­ls, attire les candidats. Entre le retard d’Eole qui aura des répercussi­ons sur la constructi­on du quartier Mantes Université qui englobe la Halle Sulzer, les débats autour de la Ligne Nouvelle Paris-Normandie, ou encore le dossier chaud des carrières ed calcaire ou les problémati­ques liées au groupement hospitalie­r de territoire, la 8e concentre de forts enjeux.

Françoise Descamps-Crosnier (PS) qui était sortie en tête d’un duel face à Cécile Dumoulin (LR) en 2012, juste après l’élection de Fançois Hollande, aura, cette fois-ci, fort à faire pour conserver son siège à l’Assemblée. Même si la candidate socialiste a réalisé - comme toujours - une bonne campagne de réseaux, le mauvais score de Benoît Hamon à la présidenti­elle et la décrépitud­e du parti depuis, vont sans doute rejaillir sur les candidats socialiste­s. D’autant qu’en face d’elle, il y a du monde.

Poussée par l’élection d’Emmanuel Macron, Khadija Moudnib, ex-militante à la gauche de la gauche, ex-professeur­e, ex-dirigeante d’entreprise, exélue de la majorité municipale à Mantes-la-Jolie, porte fièrement les couleurs de La République en Marche. Attaquée durant toute la campagne sur son appartenan­ce à l’équipe municipale de Michel Vialay, Khadija Moudnib a démissionn­é de tous ses mandats la semaine dernière. « Un

peu tard » disent certains. « Juste à temps » pensent les autres. Cet acte qui aurait pu dû - intervenir dans les premiers jours après son investitur­e par les équipes d’Emmanuel Macron, marque en tout cas son désir d’émancipati­on. Le président du départemen­t en personne l’avait attiré au moment des élections municipale­s en 2014. « À l’époque, il est venu me chercher pour travailler avec moi, pour que je mette mes compétence­s au service de la ville de Mantes-la-Jolie », explique-t-elle a qui veut l’entendre. Mais en Bédiérie, on ne mord pas la main qui vous nourrit. Du coup, « l’homme fort » des Yvelines n’a pas épargné Khadija Moudnib, la chargeant régulièrem­ent, notamment en réunion publique. Preuve s’il en est que cette candidatur­e dérange. Reste à savoir si les électeurs voudront lui confier un siège à l’Assemblée nationale en votant pour l’étiquette de La République en marche.

De son côté, Michel Vialay, le maire Les Républicai­ns de Mantes-la-Jolie, aimerait sans doute bien damer le pion à son ancienne adjointe. Sa campagne a été discrète. Assez peu présent sur le terrain, le maire de la plus grosse ville de la circonscri­ption a tout de même fait un joli coup : il a publiqueme­nt pris position en faveur de l’associatio­n de défense des carrières AVL3C. Cela suffira-t-il pour attirer vers lui le vote des villages ? Michel Vialay compte évidemment sur son réservoir habituel de voix situées en centre-ville et à Gassicourt… ainsi que sur « l’aura » de son suppléant, adjoint au maire de Brueil-en-Vexin, pour faire basculer les ruraux de la rive droite.

En face de lui, de jeunes candidats tentent de surfer sur la vague du « dégagisme », appelant de leurs voeux une nouvelle déferlante. C’est le cas de Romain Carbonne et de sa suppléante Audrey Hallier, les deux candidats de la France Insoumise dont le leader, Jean-Luc Mélenchon est arrivé largement en tête au premier tour de la présidenti­elle dans le Mantois. Ces deuxlà sont emmenés par une équipe d’irréductib­les, très mobilisée. La campagne de terrain, eux, ils l’ont faite : présents sur les marchés, dans les villages, dans les animations organisées par les communes. Avec un objectif précis : se faire connaître et relancer la machine « Mélenchon » un peu grippée après la déception du premier tour.

Sur la même ligne mais sans étiquette, on retrouve les trublions d’Ils l’ont fait. Ce film, fabriqué par quelques Mantais du Val Fourré et qui raconte comment un citoyen lambda peut détrôner le maire en place et son système clientélis­te. Majid Eddaikhane, l’un des coproducte­urs du film a décidé de se lancer, aux côtés de Nathalie Pereira. Un duo « fun mais sérieux », qui espère avant tout « réussir à aller faire voter ceux qui n’y vont pas d’habitude. » Le retentisse­ment de cette candidatur­e sera à scruter surtout dans les bureaux de vote du Val Fourré où l’équipe du film est appréciée.

Après le mauvais score du second tour de la présidenti­elle, cette élection permettra de savoir ce qu’il reste du Front national dans le Mantois. On dit le socle de ses électeurs très solide. Mais qu’en sera-t-il réellement avec le candidat François Siméoni (FN), peu connu ici, mais délégué départemen­tal du Front national ? On le sait, le parti de Marine Le Pen réalise des bons scores sur la rive droite. Le candidat FN pourrait aussi glaner des voix grâce à sa suppléante, Monique Fuhrer-Moguerou, une des adjointes de Cyril Nauth, le maire de Mantes-la-Ville.

La tête haute Vont-ils le faire

À gauche, il est vrai que les candidatur­es se bousculent. On retrouve également Eric Roulot, le maire de Limay, et Radouane Atroussy, ancien membre du Parti socialiste. Les deux se présentent sous l’étiquette communiste. Difficile de savoir quel impact peut avoir cette candidatur­e. Bien sûr, les Limayens devraient se prononcer en sa faveur, mais qu’en sera-t-il ailleurs ? En 2012, Eric Roulot avait terminé 4e, loin derrière la candidate FN et en recueillan­t moins de 10 % des suffrages.

Enfin, dans cette surabondan­ce de candidatur­e, un homme pourrait surprendre tout le monde et coiffer au poteau quelques grosses écuries : il s’agit de Stéphane Hazan, le maire de Lainville-en-Vexin, qui, avec sa suppléante Nathalie Mendes, met en avant depuis le début ses valeurs. Sans étiquette, l’ancien urgentiste de l’hôpital de Mantes s’est montré très présent, allant volontiers à la rencontre des gens, n’ayant pas peur de débattre et de fairevaloi­r ses idées. Il pourrait être le candidat du consensus et rallier les suffrages de certains indécis. En tout cas le soutien d’une partie des « Marcheurs » qui n’adhèrent pas à la candidatur­e de Khadija Moudnib pourrait lui être favorable.

En attendant, les dés sont jetés, les électeurs n’ont plus qu’à faire leur jeu.

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Françoise Descamps-Crosnier (PS), la députée sortante.

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