Des truffes à la pelle dans son jardin
On trouve de la truffe blanche dans les Yvelines. Les terres de Montchauvet semblent particulièrement propices à sa présence. Ce champignon n’est pas aussi coûteux que l’or noir du Périgord, mais peut valoir tout de même jusqu’à 150 euros le kilo.
Quelle ne fut pas la surprise d’un habitant de Montchauvet en découvrant des truffes dans son jardin. Les Tuber aestivum, au goût de noisette, ont eu la bonne idée de pousser au pied des arbres. Ces délices de la nature se négocient aux alentours de 150 € le kg. Ce jardinier chanceux n’est pas le seul du village à avoir ce petit trésor dans son jardin.
C’est un heureux hasard qui a conduit Christian Duval à faire une découverte des plus étonnantes. Dans son jardin, à Montchauvet : un petit village près de Houdan, on trouve des truffes en abondance. « Il me disait depuis des années qu’il voyait un truc bizarre sur le terrain quand il passait la pelouse »,
raconte Yaël, sa femme. « Il y a trois ans, je suis tombé sur une boule pleine de vers. Je n’ai pas fait attention, je l’ai
jetée », se remémore l’intéressé. L’an dernier, en y regardant d’un peu plus près, il a enfin percé le mystère. Ces drôles de tubercules se sont avérés être des truffes blanches, surnommées aussi truffes de la SaintJean. Elles poussent à foison chez lui, sous deux sapins de Noël plantés il y a une dizaine d’années. En quelques minutes, sous nos yeux, Christian en a déterré sept, à fleur de sol. Les plus beaux spécimens peuvent atteindre les quinze centimètres d’envergure.
Dans le village, il n’est pas le seul à en trouver. Son cousin, le maire Georges Duval, fait la collecte dans son jardin depuis
un an. « J’en ai ramassé 600 grammes l’année dernière. Cette année aussi j’en ai trouvé beaucoup, explique
l’élu. Elles poussent autour du noisetier, ça forme des brûlés
en dessous de l’arbre (un dessèchement du sol caractéristique de la présence de truffes ndlr).» À sa connaissance, hormis lui et son cousin, personne d’autres n’a mis la main sur ce prestigieux champignon à Montchauvet.
Plutôt rare dans la région
Cette espèce n’est pas un produit de luxe, comme son équivalent périgourdin vendu à plus de 1 000 euros le kilo. Elle se monnaye plutôt autour de 150 euros le kilo. Ce qui est déjà pas mal. Noire à l’extérieur, blanche à l’intérieur, elle produit un arôme frais et léger. Son goût est souvent comparé à celui de la noisette.
Dans la région, cette découverte reste exceptionnelle. « L’espèce est plutôt méridionale, elle se rencontre plus rarement au nord », indique Étienne Varney, mycologue et président de l’Association des naturalistes des Yvelines.
Officiellement recensée pour la première fois dans le département en mai 1999, à Maule, elle a été repérée, plus récemment, à Bouafle, Oinville-sur-Montcient et Guerville. « Elle est souvent récoltée en mai, mais c’est trop tôt. À cette époque-là, son goût est proche de celui de la pomme de terre, précise
ce spécialiste. À maturité, au début de l’automne, la qualité est bien supérieure. »
600 grammes ramassés en une saison
On la trouve au pied des arbres
Ce parent proche de la truffe de Bourgogne, pousse plutôt dans des « terrains calcaires en forêts aérées », selon Michel Courvoisier, président de la Fédération française des trufficulteurs. « Le mycélium s’associe à la racine de chênes, tilleuls, pins, sapins, poursuit-il. C’est pour cela qu’on les trouve sous les arbres. Elles peuvent être enterrées jusqu’à quinze centimètres de profondeur. »
Un fait « rare » dans Yvelines, mais loin d’être nouveau, selon
Michel Courvoisier : « Historiquement, l’espèce a toujours été présente dans le bassin francilien. Tout comme celle de Bourgogne, et celle du Périgord dans une moindre mesure. »