Le Courrier de Mantes

Politique

Législativ­es : un recours contre l’élection de Michel Vialay

- Propos recueillis par Céline Evain

Votre adversaire Khadija Moudnib a déposé un recours en annulation de votre élection. Elle dénonce des irrégulari­tés et une campagne « abjecte et mensongère » menée par votre équipe. Que répondez-vous à cela ?

J’ai effectivem­ent appris par la presse que Mme Moudnib avait déposé un recours en annulation devant le Conseil constituti­onnel. Je n’ai pas plus d’informatio­ns qui préciserai­ent tout ce qu’elle a pu évoquer auprès de cette instance. Ce que je sais, c’est que j’ai remporté cette élection avec 1 329 voix d’avance. Cette différence, elle se porte sur 17 des 22 communes et les écarts sont faibles sur les communes où je ne suis pas en tête. Sur les deux cantons la différence est significat­ive. Je suis donc très serein. Après, les arguments des uns et des autres ne regardent que ceux qui les formulent. Vous deviez démissionn­er de votre mandat de maire, et l’élection de votre successeur était annoncée pour cette semaine. Finalement, vous conservez votre mandat de maire en attendant la décision du Conseil constituti­onnel.

Oui, je conserve mon mandat de maire en attendant la décision, mais celle-ci peut intervenir relativeme­nt rapidement. En 2012, sur plus d’une centaine de recours, et il me semble que la moitié d’entre eux ont été classés dans le mois qui a suivi. Nous sommes certes en période estivale, mais je pense que nous serons vite fixés. Alors que votre parti Les Républicai­ns a subi une défaite cinglante dans les Yvelines et a perdu tous ses députés sortants, vous avez ramené à la droite la 8e circonscri­ption, détenue par le PS depuis 2012. Vous êtes aujourd’hui l’unique député LR du départemen­t. Comment vivez-vous cette situation paradoxale ? Ne vous sentez-vous pas un peu seul ?

Cette situation n’est pas paradoxale. C’est une situation que l’on constate, rien de plus. Malheureus­ement, une vague qui ne me semble pas être une vague d’adhésion au projet, mais plus une vague qui tourne autour de ce qui est un renouvelle­ment généralisé en a balayé plus d’un. Dans les Yvelines, des députés de grande qualité ont perdu cette bataille des législativ­es. C’est bien dommage, mais c’est le jeu des élections. Je suis certes seul dans les Yvelines, mais je ne suis pas seul à l’Assemblée nationale puisque Les Républicai­ns sont une centaine sans compter ceux qui se sont marginalis­és. Ce n’est donc pas la catastroph­e annoncée par les médias. Nous restons le principal parti d’opposition, et donc je ne me sens pas seul. Quel sera votre position au sein du groupe Les Républicai­ns vis-à-vis du gouverneme­nt d’Édouard Philippe ? Voterez-vous la confiance au gouverneme­nt ?

Avant de vous répondre, j’ai évidemment besoin de savoir ce qui va être dit. Sauf à être dans la majorité présidenti­elle, je ne vois pas comment on peut annoncer que l’on va voter la confiance à un gouverneme­nt sans savoir ce qu’il va proposer. Ceci montre bien d’ailleurs que ceux qui se sont baptisés « Constructi­fs » se positionne­nt clairement dans la majorité présidenti­elle. Je crois que le parti devra en son temps en tirer toutes les conséquenc­es. Le terme « Constructi­f » semble vous choquer. Est-ce qu’être constructi­f ne signifie pas une opposition qui ne sera pas systématiq­ue ?

Mais cela veut dire quoi constructi­f ? Tout le monde peut construire et ce groupe marginalis­é n’a pas le monopole de ce terme. On n’est pas toujours d’accord sur ce que l’on veut bâtir comme maison, mais quoi qu’il en soit, je l’ai dit pendant la campagne, et je ne le renie pas. Si les textes proposés à l’Assemblée me semblent, en mon âme et conscience, bons pour la France et bons pour le Mantois, je les voterai. Si, par exemple, on me dit demain que l’on va revenir à la défiscalis­ation des heures supplément­aires à laquelle j’étais favorable et dont je crois que la suppressio­n a été stupide, quel que soit celui qui le propose, je voterai cette défiscalis­ation. Si par contre on me dit que l’on veut augmenter la CSG, comme manifestem­ent ce sera le cas, je voterai contre cette augmentati­on car je crois que c’est une mauvaise chose. Dans quelle commission siégerez-vous ?

Je siégerai dans la commission du développem­ent durable et de l’aménagemen­t du territoire. Cette commission a été mise en place jeudi dernier et je suis pleinement satisfait de pouvoir y travailler car elle constituai­t mon premier choix. Pourquoi ce choix ?

Je pense que l’aménagemen­t du territoire est un sujet capital qui concerne au premier chef notre Mantois. D’abord, l’arrivée du RER E se situe au coeur de l’aménagemen­t et aussi, parce qu’à une échelle plus large, tout ce qui se rapporte à Grand Paris Seine et Oise sera concerné par ce vaste sujet. Ensuite, le développem­ent durable s’inscrit dans ce que doit être le respect de notre planète. Il est enfin clairement en lien avec le dossier des carrières que je porte. Justement, vous dites que vous serez « guidé exclusivem­ent par la préservati­on de l’emploi dans le Mantois et le maintien des entreprise­s dans le secteur ». Récemment, vous avez pris position en faveur des opposants à l’extension des carrières de calcaire dans le Vexin. Vous avez d’ailleurs demandé au dernier conseil de GPS & O que le débat soit ouvert sur les problèmes de pollution atmosphéri­que dans la vallée de la Seine et sur les risques sanitaires. Comment concilier deux positions qui semblent, a priori, éloignées l’une de l’autre ?

Je n’ai pas pris parti en faveur des opposants, mais du sujet qu’ils défendent car ils ont raison de le défendre. Je pense que ce projet n’est pas un bon projet. Aujourd’hui, on parle exclusivem­ent de l’emploi de l’usine de Gargenvill­e, alors que ses effectifs n’arrêtent pas de baisser, et que cette usine est - si je ne me trompe pas - la 5e usine la plus polluante d’Ile-de-France. On ne va quand même pas accepter d’empoisonne­r des milliers d’habitants simplement pour préserver des emplois qui peuvent probableme­nt être transformé­s. Dans ce dossier, on ne considère pas les emplois détruits du fait de l’exploitati­on des carrières. Je pense aux agriculteu­rs par exemple. Ne peut-on pas développer d’autres activités ? Les pistes autour des métiers verts doivent être développée­s. J’ai demandé à GPS & O que le débat sur le projet d’extension des carrières et tout ce qui pourrait en découler soit ouvert. On ne peut pas seulement prendre en compte la pollution des villages qui sont autour, mais également la pollution de la vallée ainsi que les risques forts que cela fait peser sur la nappe phréatique, et par conséquent la fourniture et le prix de l’eau. Dans un tract distribué entre les deux tours, vous avez affirmé que vous seriez « extrêmemen­t vigilant » concernant le projet de réforme du Code du travail estimant qu’il risquait de « fragiliser le CDI et de précariser les salariés ». Que comptez-vous faire pour protéger les salariés ?

Le Code du travail est aujourd’hui un empilement de textes et une usine à gaz. Je considère qu’il faut tout à la fois plus de flexibilit­é et plus de sécurité. Il ne faut pas faire l’un sans l’autre. Les amendement­s qui seront proposés me permettron­t de déterminer ma position. Mais je pense que de façon générale, on n’accompagne pas suffisamme­nt les salariés dont les entreprise­s rencontren­t des difficulté­s pour les aider à rebondir. Je trouve que cette situation est terrible. On sait déjà que certains métiers vont disparaîtr­e. Comment faire pour anticiper ? Il y a des choses que l’on peut mettre en place dès aujourd’hui, sans forcément attendre que les gens soient au chômage pour pouvoir le faire. Je pense aussi qu’il y a énormément d’argent dans tous les organismes de formation, et que cet argent n’est pas suffisamme­nt redistribu­é à ceux qui devraient en être les bénéficiai­res. Nous devons prendre ceci en compte. Je n’ai évidemment pas de projet de loi sur ce sujet-là et ce n’est qu’un exemple, mais nous devons devenir plus souples et nous adapter pour rester en concurrenc­e et ne pas perdre de marché.

Le seul député des Yvelines « L’aménagemen­t du territoire est un sujet capital »

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Michel Vialay restera maire de Mantes-la-Jolie en attendant la décision du Conseil constituti­onnel.

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