Le lac Bleu est devenu un enfer
Tapage nocturne, dépôts de détritus en tout genre, stationnement anarchique, baignade sur un site interdit et réservé à la pêche : Le Lac Bleu n’a plus de bleu que le nom. Les riverains n’en peuvent plus et en appellent à la mairie.
Le lac Bleu à Moisson : où comment un petit coin de Paradis classé Natura 2000 est devenu un enfer. Voilà résumé la triste histoire de ce charmant petit lac situé juste en face de la base de loisirs des Boucles de Seine à l’entrée du hameau de Lavacourt. Cela fait plusieurs années que les riverains alertent les autorités sur les nuisances d’une occupation sauvage des lieux. Déjà en 2015, ils avaient pétitionné, en 2016 ils avaient écrit au conseiller départemental et au président de la communauté de communes. En vain. Même une demande de rendez-vous à la sous-préfecture est restée sans réponse.
Des débordements continus
Depuis, les « débordements » comme les nomment pudiquement les habitants de Lavacourt ont pris des proportions affolantes.
Il y a belle lurette que les pêcheurs, à qui en principe ce lac est réservé, ont déserté les lieux. C’est qu’au premier rayon de soleil, le Lac Bleu est envahi de familles, de bandes très bruyantes, de dingues du quad qui prennent les petits chemins pour une piste de rodéo, d’automobilistes qui descendent jusque sur la plage en voiture, voire même qui viennent faire leurs vidanges. Si pêcheurs il y avait, ce ne sont pas les gardons qu’ils taquineraient, mais plutôt des cannettes de bière, des restes de matelas gonflables éventrés, des couches-culottes et toutes sortes d’immondices. La mairie, propriétaire du plan d’eau, avait bien mis des containers en place. Elle les a retrouvés au fond du lac !
Des panneaux interdisant la baignade ont été apposés aux quatre coins du lac, mais rien n’y fait. Les barrières qui entravent l’accès sont régulièrement arrachées. Sur les réseaux sociaux, on se repasse l’adresse du spot et tout le monde débarque de tout le Mantois et même de l’Eure pour s’offrir un moment de détente et faire la fête.
Une noyade évitée de justesse
« Pendant les dix jours de canicule, le lac était noir de monde tous les jours. Il y avait des centaines de personnes. Sans aucune surveillance, des familles et des enfants
partaient au milieu du lac sur des matelas gonflables. Un homme a été sauvé de justesse de la noyade par les pompiers », raconte Anne, une riveraine.
La java peut durer jusqu’à 2 heures du matin. « C’est étonnant ce que les gens peuvent être bruyants », constate un voisin dépité qui se dit malheureux. « Ils ne parlent pas, ils
hurlent », ajoute un autre qui a renoncé à ses siestes pourtant salvatrices. Pire, il y a 15 jours un homme a été vu avec une arme à feu à la main et a tiré plusieurs coups. Une plainte a été déposée à la gendarmerie de Bonnières.
C’est bien simple, les riverains sont rivés sur les prévisions météo et en sont à espérer le mauvais temps pour pouvoir respirer un peu et retrouver un semblant de sérénité. Les gendarmes de Bonnières sont intervenus régulièrement à la demande des habitants de Lavacourt dont certains ne peuvent même plus sortir de chez eux parce que des voitures sont stationnées devant leur porte. En 18 jours, 500 PV de stationnement et 30 PV de sens interdit ont été dressés. « Les gendarmes font tout ce
qu’ils peuvent. Ils répondent toujours à nos appels. Mais ils font avec les moyens dont ils disposent », concèdent les riverains
Le maire Daniel Gouriou conscient de l’exaspération a organisé une réunion publique. La salle des Fêtes était bondée. 120 personnes avaient fait le déplacement. « Les demandes de clôture du lac et d’embauche de personnel de surveillance par la commune sont financièrement irréalistes », commente le premier magistrat qui reconnaît se sentir un peu désarmé devant l’ampleur du phénomène.
Il a cependant promis d’améliorer le barrièrage et de mettre en place des portiques pour empêcher les quads et les voitures de passer. Une analyse de l’eau a été demandée. La gendarmerie, quant à elle, assurera une présence régulière. Pour les riverains, qui aspirent seulement à vivre dans la tranquillité, les actions envisagées ne sont pas suffisantes. « Mais au moins, nous avons été entendus et le dialogue est ouvert », soulignent-ils.