Le Courrier de Mantes

Bruno Caffin ne lâchera rien

La nouvelle vient de tomber, à la veille du 14 juillet : le cimentier Calcia a soumis sa demande d’exploitati­on des carrières du Vexin aux services de l’État. La décision est attendue pour l’automne. Le maire de Brueil-en-Vexin n’entend pas se laisser fai

- Céline Evain

« Nous devons arrêter ce projet d’un autre temps. »

Cette phrase, empreinte d’amertume, c’est Bruno Caffin, le maire de Brueil-en-Vexin, qui l’écrit dans un courrier qu’il adresse à ses administré­s. Il y a quelques jours, il a appris que l’entreprise Heidelberg­Cement (ex-Calcia, ex-ItalCement­i), porteuse du projet d’exploitati­on des carrières, vient de déposer le dossier de demande d’autorisati­on environnem­entale auprès des services de l’Etat.

Le bras de fer ne fait que commencer

Directemen­t concerné, Bruno Caffin n’a pas tardé à réagir : « Ce projet est catastroph­ique, d’abord parce qu’il hypothéque­ra 15 ou 16 % du territoire de la commune et ce, pour 30 ans d’exploitati­on minimum. Ensuite, il est catastroph­ique pour le territoire car je veux rappeler que la cimenterie de Gargenvill­e recrache jusqu’à 1 000 tonnes de CO2 par jour. J’aimerais qu’un cabinet d’études indépendan­t mesure les risques

sur l’environnem­ent, et notamment les répercussi­ons sur les nappes phréatique­s. »

De son côté, le cimentier veut faire preuve de bonne foi et assure vouloir continuer «à avancer dans la transparen­ce. Depuis le début, nous partageons les éléments du dossier. C’est notre philosophi­e depuis 2012. » « Faux », répond Bruno

Caffin. « Nous ne savons pas précisémen­t ce que comporte ce dossier. À chaque fois que nous avons assisté à des réunions, les remarques que nous avons faites n’ont jamais servi à rien. Calcia n’a jamais dévié de son intention initiale. » Le premier magistrat de la commune

s’étonne aussi que cette annonce de dépôt auprès des services de l’État intervienn­e

« comme par hasard », à la veille des départs en vacances. La décision pourrait être rendue par les services de l’État à partir de l’automne prochain. « Ce projet hypothèque la qualité de vie des gens »

Quoi qu’il en soit, l’entreprise souhaite pouvoir présenter le dossier complet aux élus de Brueil-en-Vexin, à une époque où la plupart d’entre eux en congés. « Cela fait trois ans qu’Italciment­i doit déposer le dossier. Ce qui est clair, c’est que beaucoup de maires sont opposés à ce projet. »

Le bras de fer ne fait donc que commencer, et l’on peut s’attendre à des actions fortes dès la rentrée. Entre-temps, Bruno Caffin souhaite notamment rencontrer Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire. Le maire de Brueil espère aussi un soutien du parlementa­ire Michel Vialay, fraîchemen­t élu à la tête de la 8e

circonscri­ption.

Alors que le cimentier qualifie son projet de « structuran­t pour le Mantois », Bruno Caffin explique dans son courrier aux

habitants que, selon lui, « un projet structuran­t ne peut pas hypothéque­r la qualité de vie de génération­s d’habitants qui ont choisi de résider dans nos communes du Parc naturel régional du Vexin Français. Un projet structuran­t ne peut pas autoriser la destructio­n de plusieurs centaines d’hectares de terres agricoles, de bois protégés, de chemins, de ressources en eau. »

Bruit, pollution, poussière… les maires, les associatio­ns et le président du parc naturel régional n’entendent pas subir ce projet sans le combattre jusqu’au bout. « Cette mauvaise nouvelle ne doit pas nous décourager. Prenons des forces. Plus que jamais, notre lutte est nécessaire et juste », conclut Bruno Caffin dans son courrier aux habitants.

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