Le Courrier de Mantes

La mairie achève le CAC Brassens

La mairie a décidé de ne pas reconduire la subvention de 330 000 euros qui était allouée au CAC Georges-Brassens. Sans cet argent, la structure ne peut pas survivre. Chronique d’une mort annoncée.

- Céline Evain

La rumeur courait depuis plusieurs mois. Lundi dernier, la nouvelle est tombée comme un couperet. La mairie de Mantes-la-Jolie a décidé de ne pas reconduire la convention triennale qui la liait au CAC GeorgesBra­ssens. La municipali­té ne versera pas non plus la subvention de 330 000 euros qui permettait à la structure de fonctionne­r. Abasourdie, l’équipe dirigeante veut continuer à se battre malgré tout pour faire en sorte de sauver l’associatio­n et les 10 emplois de la structure.

C’est une rumeur qui courait dans les rues de la ville depuis bien des mois. Lundi dernier, elle a été confirmée par Philippe Allio, l’adjoint au maire en charge de la culture. « La convention triennale qui liait la mairie à l’associatio­n qui gère le CAC Georges-Brassens ne sera pas renouvelée. Le centre d’action culturelle ne touchera plus non plus la subvention de 330 000 euros qui lui était allouée. »

Cette décision lourde de sens a été annoncée lors d’un entretien en mairie dans le courant du mois de juin par l’adjoint à Claire Guérin, l’actuelle directrice du CAC, qui était accompagné­e par Julien Dupont, l’un des vice-présidents de l’associatio­n. « J’ai ensuite confirmé ces dires au président de l’associatio­n le

8 juillet dernier. » Depuis, une notificati­on écrite a été envoyée. Elle a atterri dans la boîte aux lettres du CAC lundi dans la matinée.

Joint par téléphone, JeanMarc Chanu, le président de l’associatio­n qui gère le centre d’action culturelle, s’est dit

« abasourdi » par cette nouvelle, qui tombe comme un coup de massue en pleines vacances d’été.

Néanmoins, le bureau directeur de l’associatio­n ne s’avoue pas encore tout à fait vaincu. « Je ne peux pas trop en dire pour l’instant, mais nous avons pris des rendez-vous institutio­nnels et allons discuter avec nos partenaire­s. Nous verrons ensuite ce qu’il en ressort. Une chose est sûre : même si nous allons vers la fin du CAC comme les gens l’ont connu jusqu’à présent, nous allons tout faire pour sauver l’associatio­n et préserver l’emploi », explique Jean-Marc Chanu.

Le CAC, « une MJC des années 2000 »

Les raisons qui motivent la mairie à couper purement et simplement les vivres au CAC semblent multiples. « Depuis deux ans, nous nous posons des questions et nous discutons avec l’équipe du CAC sur une réorientat­ion artistique du lieu. Notre entrée dans la communauté urbaine GPS&O nous pousse aussi à repenser notre politique publique. Nous nous sommes adjoint les services d’un cabinet de conseil spécialisé qui a regardé l’activité de la structure et nous a apporté un regard extérieur. Et il a confirmé les doutes que nous avions : l’activité artistique du CAC Brassens n’est pas à la hauteur des sommes allouées par la mairie », martèle Philippe Allio. Selon lui, le CAC n’aurait « pas bien vieilli ». « Cette structure n’a pas su se renouveler et n’est pas très inventive. Aujourd’hui, on pourrait la comparer à une MJC des années 2000. De plus, nous nous sommes rendu compte que l’action du CAC est mal connue du public Mantais… » N’en jetez plus !…

En clair, c’est le manque de lisibilité du projet artistique qui pose problème à la mairie, au contraire d’autres structures comme le Théâtre du Mantois, le Collectif 12 ou encore l’ECM Le Chaplin qui trouvent entièremen­t grâce aux yeux de la municipali­té.

Quelle suite ?

Cette annonce qui intervient en plein mois de juillet ne devrait pas rassurer les 42 associatio­ns qui sont hébergées dans les locaux du CAC Brassens et qui doivent reprendre leurs activités à la rentrée prochaine. Philippe Allio affirme cependant : « Nous allons garder toutes les associatio­ns et continuer à leur offrir le même service qu’auparavant. »

Pour l’heure, on n’en saura pas beaucoup plus, sinon que la mairie n’aurait pas l’intention de détruire les bâtiments qui abritent le CAC. « Il n’y a aucun projet de vente. La ville va conserver les lieux mais les faire vivre d’une autre manière. Nous nous donnons six mois pour consulter nos partenaire­s et travailler sur un nouveau projet culturel. »

10 employés bientôt sur le carreau

Les inquiétude­s se portent désormais sur les 10 employés du CAC (8 CDI et 2 CDD). « Durant nos entretiens, la mairie nous a promis un accompagne­ment », se souvient Jean-Marc Chanu. Philippe Allio confirme :

« Même si la ville n’est pas l’employeur de ces salariés, nous les aiderons. Bien sûr, je ne dis pas que la mairie reprendra les 10 personnes qui travaillai­ent au CAC, mais une ou deux, pourquoi pas ? C’est à étudier. »

Du côté des employés, c’est l’inquiétude qui prévaut. « On

est atterrés », lâche Marie de Castro Vicente, déléguée suppléante du personnel et coordinatr­ice associativ­e. « Nous sommes tous impliqués dans le projet du CAC depuis de longues années, et même si la vie de la structure a souvent été chaotique, nous avons toujours réussi à franchir les obstacles qui se mettaient en travers de notre chemin », poursuit-elle.

Aujourd’hui, les délégués du personnel restent dans l’attente d’une rencontre avec le maire

ou son adjoint. « Nous avons adressé un courrier pour une demande de rendez-vous, car nous considéron­s que même si la mairie n’est pas notre principal employeur, la subvention de 330 000 euros qu’elle versait servait aussi au fonctionne­ment du CAC,

et donc à payer nos salaires. Nous pensons donc que cela rend la mairie garante de

nos emplois. » Après plusieurs relances, les délégués du personnel n’ont, pour l’instant, obtenu aucun rendez-vous.

Après plus de 60 ans d’existence (l’associatio­n a été créée en 1951, ndlr), le CAC GeorgesBra­ssens, dans sa forme actuelle, ne devrait plus exister au 31 décembre prochain. Un crève-coeur pour tous ceux qui fréquenten­t, ou qui ont fréquenté cette institutio­n de près ou de loin.

Les associatio­ns seront préservées

 ??  ??
 ??  ?? Le CAC Georges-Brassens est une associatio­n Mantaise qui existe depuis 1951. De gauche à droite, une partie de l’équipe du CAC : Stéphane Bernard, trésorier adjoint, Pascale Watrin, vice-présidente et Claire Guérin, directrice, lors d’une réunion...
Le CAC Georges-Brassens est une associatio­n Mantaise qui existe depuis 1951. De gauche à droite, une partie de l’équipe du CAC : Stéphane Bernard, trésorier adjoint, Pascale Watrin, vice-présidente et Claire Guérin, directrice, lors d’une réunion...

Newspapers in French

Newspapers from France