Chérence a accueilli Agnès Varda
Pour son dernier film, Agnès Varda - Palme d’honneur à Cannes pour l’ensemble de son oeuvre - est passée par Chérence et la ferme de Clemens Von Dungern. L’agriculteur et son épouse racontent leur expérience cinématographique exceptionnelle.
« C’est une chipie, malicieuse… Une jeune fille éternelle ! »,
dit d’Agnès Varda, Hildegarde Von Dungern. Il se trouve que Clemens, son mari possède une exploitation agricole avec un grand hangar à une encablure de la maison de Nathalie Sarraute, l’écrivaine, qu’Agnès Varda a, jadis, beaucoup fréquentée. Voici le point de départ de leur participation au film Visages Villages sorti fin juin, co-réalisé avec JR, le photographe de street-art : un road movie chaleureux au fil de nos villages, d’un duo improbable, tendre et drôle, d’une presque nonagénaire avec un trentenaire.
« Agnès Varda, c’est quelqu’un pour moi »
Pour les Von Dungern, l’histoire remonte déjà à un an et demi. Dans la salle à manger de la belle ferme qui était
« dans le temps, un monastère »
en contrebas de l’église, la petite famille revient sur leur incroyable aventure cinématographique.
Au fur et à mesure de la conversation, les souvenirs reviennent :
« Tout a commencé en février avec le coup de fil d’Agnès Varda. Elle nous a dit qu’elle voulait venir prendre des photos »,
« On a accepté parce qu’Agnès Varda, c’est quelqu’un pour moi. Évidemment, je connaissais Les demoiselles de Rochefort de Jacques Demy (N.D.L.R. : le mari d’Agnès Varda). »
« Elle est arrivée avec une assistante et elle a commencé par dire : « Pas de Mme Varda, on m’appelle Agnès ! Elle a pris plein de photos.
raconte Hidegarde.
Son assistante faisait la mise au point parce que vous savez, à 89 ans, Agnès voit un peu flou. Et puis, plus rien, silence radio jusqu’en avril. Là, un nouveau coup de fil : « On arrive pour tourner ! Agnès nous a expliqué qu’elle voulait garder ses souvenirs. Bon… on pensait que ce serait un petit film de rien du tout. Jamais, toute cette célébrité, Cannes et compagnie » « mains ouvertes sur le travail de la terre ».
L’équipe composée d’une douzaine de personnes a notamment procédé au collage depuis le haut du hangar, jusqu’en bas.
« Aujourd’hui, il n’en reste plus rien, sauf tout en haut, comme un petit nuage blanc. Mais les mois qui ont suivi, les randonneurs passaient le voir »,
se souvient Clemens. N’empêche, grâce à ce film, le village a gagné en célébrité.
« L’autre jour, devant la ferme, une habitante s’est arrêtée en voiture pour me dire qu’elle revenait de Paris où elle a vu le film qu’elle l’a trouvé très bon ! Et comme ils ont leurs réseaux, maintenant, je dois être dans leur fichier de terres agricoles dans les Yvelines car j’ai été contacté pour le film
avec Mickael Youn qui est en train de se tourner. Ils m’ont proposé 600 €, j’en donne 300 au maire pour la commune. Il est content ! »,
raconte encore Clemens. Quant à Visages Villages, « son » film, la famille ne l’a pas encore vu :
« Il doit être diffusé à Maule, nous irons à ce moment-là. »,
se réjouit Hildegarde.