Un parking payant juste pour les handicapés
Les deux places de stationnement réservées aux handicapées d’une résidence HLM de Gargenville sont payantes, en accès restreint. Les autres places en surface sont gratuites et libres d’accès. Deux locataires invalides sont scandalisés.
Devant la résidence Jean-Raty, des dizaines de places de stationnement sont en accès libres depuis la rue. Seuls deux d’entre elles, réservées aux personnes invalides, sont fermées chacune par un arceau rabattable verrouillé… Pour en obtenir la clé, il faut régler 17 euros par mois au bailleur de ce complexe HLM, propriétaire du parking.
Pour Michel Lemoine, locataire depuis 2012 et lourdement handicapé, la pilule ne passe pas : « Jusqu’à début 2015, le stationnement était gratuit sur ces places. Un beau jour, le bailleur a décidé d’installer une barrière et d’exiger un
loyer. J’ai refusé », peste ce retraité à la démarche bancale, appuyé sur sa béquille. Quand bien même compterait-il payer, selon lui le dispositif mis en place est « très contraignant » à déverrouiller pour une personne à mobilité réduite.
Trente-trois marches à gravir
Il loue déjà une place en sous-sol. Mais le bâtiment n’est pas équipé d’ascenseur. Alors Michel, qui a contacté plusieurs fois son bailleur pour obtenir la gratuité en surface, compte les marches séparant le parking souterrain de son logement, situé au premier étage. « Il y en a trente-trois en tout, souffle-til.
Vous imaginez, dans mon état, avec des sacs et des packs d’eau ? » « Je l’entends souvent râler dans l’escalier », témoigne Kheira Benzerga, sa voisine, titulaire aussi d’une carte d’invalidité
et estomaquée par la situation. « C’est tombé du jour au lendemain. On n’a pas été prévenus », précise-t-elle. Jusqu’au printemps dernier, cette trentenaire payait la location. Puis un jour, elle en a eu marre. Conséquence : ces places demeurent inoccupées depuis.
Le comble, pour eux, c’est l’extension récente du parking de la résidence et la création d’une autre place pour les personnes à mobilité réduite (PMR), en libre accès, mais loin de l’entrée des bâtiments. « C’est à 160 mètres environ, j’ai beaucoup de mal à me déplacer moi », argumente le retraité. Ils viennent d’écrire au maire, au préfet et même à la secrétaire d’État en charge du handicap pour faire entendre leur voix.
Michel voit même une forme d’acharnement à leur égard de la part du bailleur France habitation. Il a tenté de ruser, en se garant entre les deux barrières,
« De la discrimination » selon un responsable associatif
en l’absence du véhicule de sa voisine. « C’était juste le temps de décharger ma voiture. » Mais le bailleur a finalement installé un plot, annihilant tout moyen de frauder.
« C’est totalement illégal de mettre un arceau à ouverture manuelle sur une place PMR », s’indigne Jean-Michel Royère, président fondateur de Mobilité réduite, association qui réalise notamment des testings d’accessibilité dans les villes. « On ne peut pas proposer du payant aux handicapés et du gratuit aux valides. Sinon ça s’appelle de la discrimination », ajoute ce spécialiste. De son côté, France habitation assure que le stationnement a toujours été payant à cet endroit. « Elles sont à la location, selon le même principe que les appartements. La place pour handicapés créée récemment est gratuite car elle se situe sur le parking visiteur », indique laconiquement le bailleur, qui ne semble pas vouloir revenir sur sa décision.