Le centre-ville pleure le départ de sa brocante
Pour la première fois de son histoire, la foire à tout, prévue le 1er octobre prochain, ne se déroulera pas dans le centre ancien. Cette année, en raison du risque terroriste, la ville et le Comité des fêtes ont décidé d’un commun accord de délocaliser l’événement dans la zone industrielle, autour de la place des Fêtes. La mesure est loin de faire l’unanimité en centre-ville. Commerçants et riverains voulaient garder leur brocante.
Une journée où le tiroir-caisse explose
« C’était notre plus grosse journée de l’année. On servait jusqu’à 300 couverts, soit le chiffre d’affaires d’une semaine. C’est une perte énorme pour nous », proteste Morgane Cauchy, qui tient le bar-restaurant Le douce France. « C’était notre seul dimanche d’ouverture. On faisait à chaque fois de bonnes
recettes », ajoute le patron du restaurant asiatique Le Tigre, qui, du coup, laissera son rideau en berne le 1er octobre.
Avec une dizaine de commerçants voisins, ils sont à l’origine d’une pétition demandant la relocalisation de l’événement dans
leur quartier dès 2018. « On a été mis devant le fait accompli. J’ai appris la nouvelle cet été », déplore la restauratrice. « Les années précédentes, on était déjà en alerte attentat et tout s’était très bien passé », ajoute-t-elle, pour contrer l’argument sécuritaire des organisateurs. Même déception chez les riverains. Quand certains déplorent la perte d’un moment « convivial », de ce qui caractérise « l’esprit de village », d’autres mettent en avant des aspects purement pratiques. « Il y a beaucoup d’anciens en centre-ville, certains ne
sont pas véhiculés, précise Christine, présidente d’un syndicat de copropriété. La zone industrielle est à deux kilomètres d’ici, avec une côte à monter. »
Joël Jegouzo, président du Comité des fêtes, « entend » ces arguments, mais privilégie la sécurité et l’aspect financier. « La préfecture nous astreint à des mesures drastiques de sécurité. C’est trop compliqué et trop coûteux à mettre en oeuvre en centre-ville même si pour nous c’est un crèvecoeur
», assure-t-il. Pour cette édition, les quelque 300 exposants déballeront au niveau de la gare routière, de la place des
Fêtes, et de la rue Lafarge. « Les trois accès seront sécurisés par des blocs de béton et des vigiles équipés de détecteurs de métaux. »
« Dans cette configuration, ce sera plus facile à sécuriser
qu’en centre-ville », indique Éric Roulot (PCF), le maire, qui n’exclut pas de relocaliser l’événement dans son cadre originel
quand les « tensions nationales et internationales » se
seront dissipées. « On est en état d’urgence et le Mantois est considéré comme un territoire à risque », précise l’élu.
Le Mantois considéré comme « un territoire à risque »