La brouille entre la Ville et la Région prive les lycéens de gymnase
Deux administrations ne s’entendent pas et ce sont les élèves qui trinquent. Depuis le printemps dernier, les lycéens de Lavoisier ne peuvent plus mettre un pied dans le gymnase de la commune. Ils sont donc privés de cours de sport. L’équipement reste fermé suite à une décision de la mairie, qui entend ainsi faire pression sur la Région.
Cette situation pourrait bien handicaper ceux qui passent leur diplôme à la fin de l’année. « Le sport, c’est un moyen de gagner facilement des points au Bac », témoigne Mohamed, un élève de Terminal CAP. Malgré tout, les adolescents sont tenus d’être présents dans l’établissement. « Soit on reste au foyer à rien faire, soit on va faire du foot sur le city stade », raconte un autre élève.
Le litige : le versement d’une subvention
Le litige porte sur une subvention de 70 661,33 euros, que le conseil régional devait verser à la municipalité pour la construction d’un centre de loisirs, il y a plusieurs années. Le maire de Porcheville, Paul le Bihan, assume sa position. « La Région me doit cette somme. Quand ils auront tenu parole, j’ouvrirai le gymnase. »
Le plus hallucinant dans cette histoire, c’est que la subvention n’attend plus qu’à être virée. « En commission permanente, nous avons voté une délibération permettant d’octroyer ce montant à la ville, explique une source au conseil régional. Pour cela, il suffit que le maire signe une convention tripartite entre la municipalité, le lycée et la Région. »
Une simple griffe permettrait de sortir de l’impasse. Mais Paul le Bihan s’y refuse catégoriquement. « J’ai signé une convention similaire il y a trois ans. Je l’ai dénoncée ensuite parce que l’argent ne m’a pas été versé, argumente l’élu. À l’époque, la Région m’avait fait la même promesse qu’elle n’a pas tenu. Je ne me ferai pas avoir deux fois. » De son côté, la collectivité présidée par Valérie Pécresse (LR) estime que le maire de Porcheville prend les lycéens « en otage » : « Il refuse de signer parce qu’il veut qu’on revalorise la dotation de 8 euros annuelle par élève pour l’utilisation du gymnase, avance notre
interlocuteur. Mais ce montant est le même pour toutes les villes d’Île-de-France. On ne peut pas faire de cas particulier. »
« 4 000 euros, c’est dérisoire ! »
Paul le Bihan ne s’en cache pas non plus. Il exige bien que cette indemnité soit revue à la hausse.
« 8 euros par 500 élèves, ça fait 4 000 euros, contre attaque l’élu. C’est dérisoire ! Avec la baisse des dotations de l’État, ça ne correspond plus aux besoins de la commune. » Pour la suite, le maire de Porcheville propose un autre scénario que celui énoncé par le conseil régional : « Qu’on me verse d’abord les sous, après j’ouvrirai le gymnase. Ensuite, on se mettra autour d’une table, on discutera et alors je signerai. »
Mais, en face, c’est non négociable. Si personne ne fait un pas vers l’autre, les lycéens pourraient bien être privés de sport pendant encore un long moment… « Le chantage, ça va bien, s’agace Paul le Bihan. Je suis conscient que les élèves ont besoin du gymnase. C’est à la Région d’assumer ! »