Le Courrier de Mantes

La location de locaux communaux à l’adjoint fait polémique

- R.V.

Six voix contre six. La délibérati­on est passée de justesse grâce au vote comptant double du maire. Le 4 septembre, lors du dernier conseil municipal, il a été proposé aux élus de louer un bien communal, le premier étage d’un bâtiment situé à côté de la mairie, au troisième adjoint, Jean-Marc Tiret, pour y établir son activité profession­nelle de courtage financier. Il n’a évidemment pas pris part au scrutin.

« Petit arrangemen­t entre amis »

Le bien de 90m2 a été loué pour 350 euros par mois pour une durée de neuf ans. Avant cela, ce local servait de réserve à l’épicier, qui dispose aussi d’une surface de vente de 70m2 au rez-de-chaussée. Pour le tout, il déboursait 600 euros mensuels. N’ayant plus besoin du premier étage, le commerçant, arrivé au printemps dans la commune, a renégocié son bail, conservant juste le magasin pour 350 euros de loyer.

Un mois après le conseil municipal, la polémique n’est pas retombée. Les contestata­ires parlent de « petit arrangemen­t entre amis » et de « conflit d’intérêts ». Sébastien Gélineau, conseiller municipal, affirme que le loyer octroyé au troisième adjoint est « bien en dessous de la moyenne » du marché. « Il n’y a eu aucune concertati­on en bureau municipal, on a été mis devant le fait accompli », regrette-t-il également.

Renseignem­ents pris, un interlocut­eur à l’agence immobilièr­e Century 21 de Mantesla-Jolie indique que le mètre carré de locaux commerciau­x se loue, en moyenne, 150 euros à l’année dans le Vexin. Ce qui reviendrai­t à un peu plus de 1 100 euros par mois pour 90m2. Il donne l’exemple d’un 110m2 sur deux niveaux, loués à ce tarif dans le même secteur. Un autre profession­nel de l’immobilier évoque le cas d’un 10m2 à 300 euros à Gargenvill­e.

« Je comprends qu’on fasse un effort sur le prix pour aider un petit commerçant, réagit Yann Mauduit, autre élu d’opposition. Mais pas pour une activité tertiaire qui a le vent en poupe, surtout quand elle est gérée par un adjoint. » Virginie Szmiedt, conseillèr­e municipale qui, comme ses deux colistiers, a quitté la majorité en début de mandat, estime que la municipali­té aurait dû procéder à un appel à candidatur­e pour pourvoir ce local : « Il n’y a eu aucune informatio­n préalable, dénonce-t-elle. On aurait préféré voir arriver un commerce utile aux administré­s à la place du troisième adjoint qui fait son business ! »

« Fallait-il qu’il paye plus cher parce qu’il est élu ? »

« L’épicier et Monsieur Tiret louent la même surface au même prix, compte tenu qu’ils partagent des toilettes au premier étage, rétorque Stéphan Champagne. Fallaitil qu’il paye plus cher parce qu’il est élu ? Cela s’appelle de la discrimina­tion. » Le maire assure aussi que son adjoint avait exposé son projet lors d’un précédent conseil municipal : « Personne n’avait émis de réserve ».

Sur le calcul du loyer, la municipali­té se serait basée sur celui d’un local « de volume presque identique », situé rue de la Ruelle, qui était loué 313 euros

par mois, « par le mari d’une de nos opposantes » pour son

associatio­n. « Il est inoccupé depuis un an, ajoute-t-il. Si l’opposition trouve un candidat, qu’elle se manifeste. » Jean-Marc Tiret fait valoir qu’il dynamise l’économie locale. « J’ai embauché une personne de Saint-Martin-la-Garenne et je paye la CFE (l’impôt des

entreprise­s ndlr) à Saint-Martin », affirme l’élu, qui travaillai­t avant depuis son domicile.

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Ce local est situé au-dessus de l’épicerie, rue du Vieux-Puits.

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