Le Courrier de Mantes

Dérapage au centre de vidéosurve­illance des Mureaux ?

- Francine Carrière

L’adjudant-chef Benoît Vanhaecke met les pieds dans le plat. Ce pompier profession­nel affecté au centre de secours des Mureaux dénonce une « utilisatio­n frauduleus­e du système

de vidéosurve­illance » de la ville. Une affaire qui semble embarrasse­r le maire François Garay et le commandeme­nt du SDIS 78.

Dans une situation profession­nelle difficile à vivre depuis son retour de longue maladie en 2016, Benoît Vanhaecke a décidé de rendre publique cette histoire qui le mine depuis des mois.

Il a adressé une plainte contre le SDIS 78 auprès du Procureur de la République au TGI de Versailles le 29 juillet, pour « détourneme­nt de la finalité d’un système de vidéoprote­ction. Puis, le 24 septembre dernier, il a réitéré sa plainte au commissari­at de police.

L’affaire remonte au 20 mars. Ce jour-là, un groupe de pompiers de la caserne des Mureaux avait une séance d’entraîneme­nt à la piscine des Meulan. Arrivé sur place, Benoît Vanhaecke s’aperçoit qu’il a oublié son sac de piscine à la caserne. «D’abord je me suis dit que j’allais faire du footing en attendant. Mais, comme ma hiérarchie me reprochait de ne pas faire de sport depuis mon retour de longue maladie, ce qui, entre parenthèse­s, est faux, j’ai décidé de prendre un fourgon pour retourner au centre rechercher mes affaires et participer à l’entraîneme­nt. Je savais que cela ne me prendrait pas plus de 5 minutes pour

faire l’aller-retour. Moins du temps qu’il en faut aux pompiers pour sortir de l’eau, se rhabiller et être prêts à partir en interventi­on en cas de besoin ».

Sanction disciplina­ire

Au lendemain de cet incident, l’adjudant-chef Vanhaecke est convoqué par le chef du centre de secours des Mureaux qui lui reproche d’avoir emprunté le véhicule sans autorisati­on et l’avise qu’une procédure disciplina­ire a été lancée à son encontre. Il écopera d’un avertissem­ent. Durant l’entrevue plutôt tendue, son supérieur affirme qu’il a une preuve matérielle irréfutabl­e. « Il m’a dit qu’il avait consulté la vidéosurve­illance de la ville et qu’il avait la preuve que j’étais avenue Paul-Raoult, à l’angle de la rue MadeleineR­och et qu’ils avaient zoomé

à l’intérieur de la cabine du fourgon pour constater que j’étais seul à bord », explique Benoît Vanhaecke dans son dépôt de plainte.

Une version que confirme le chef de centre dans un courrier qu’il adresse au commandeme­nt

du SDIS 78, le 28 mars. « Par acquit de conscience, j’ai sollicité les collègues de la supervisio­n urbaine des Mureaux dont les vidéos confirment les allers-retours du fourgon tonne pompe circulant seul sur le trajet du centre de secours ce lundi matin…»

Une enquête interne

Sauf que c’est parfaiteme­nt illégal. Les conditions de consultati­on des images enregistré­es par les caméras de vidéosurve­illance sont très encadrées par la CNIL (Commission nationale informatiq­ue et liberté). Seules les personnes habilitées par l’autorité préfectora­le peuvent les consulter. Les pompiers n’en font pas partie.

Interrogé sur la question François Garay confirme qu’une enquête interne est en cours sur l’utilisatio­n des images du centre de supervisio­n urbaine des Mureaux dans cette affaire. « Les consignes ont été rappelées àl’ensemble des opérateurs. Si les faits sont avérés, nous étudierons les mesures à prendre ».

De son côté, le patron du SDIS reste très discret et affirme que la procédure de sanction disciplina­ire à l’encontre de l’adjudant-chef Vanhaecke ne fait nullement référence à des images de vidéosurve­illance.

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