L’écoquartier MantesRosny enterré en douce
Les maires de Mantes et Rosny Michel Vialay et Michel Guillamaud et le président de la communauté urbaine Philippe Tautou demandent - discrètement - à l’État de supprimer la ZAC Écoquartier.
Le projet d’un écoquartier de 5 000 logements le long de la Seine, entre Mantes-la-Jolie et Rosny, semble être définitivement enterré. Philippe Tautou, le président de GPS&O, Michel Vialay et Michel Guillamaud, les maires des deux communes concernées, ont demandé au préfet de mettre fin à la zone d’aménagement concerté créée en 2013.
Le lancement de l’écoquartier de Mantes-Rosny avait donné lieu, à partir de 2011, à une inflation communicationnelle rare. On se souvient en particulier que la communauté virtuelle - un brin gadget - censée débattre sur le projet avait reçu le doux nom de « communauté du fleuve »… Il semble que son enterrement doive se faire dans une complète discrétion. Les maires de Mantes-la-Jolie et Rosny-sur-Seine et le président de Grand Paris Seine & Oise (GPS & O) ont écrit au préfet des Yvelines en juin dernier pour lui demander de « supprimer la ZAC Écoquartier fluvial ». Ce courrier apparaît à la faveur de l’enquête publique sur le plan local d’urbanisme (PLU) de Rosny. Côté Mantes-la-Jolie, aucune annonce n’a été faite, ni aucune délibération prise au conseil municipal. Il s’agissait pourtant d’un projet qui comportait 5 000 logements, dont 4 500 pour la ville centre.
Il faut reconnaître au maire de Rosny Michel Guillamaud qu’il a été constant sur ce dossier. Il s’est d’ailleurs fait élire sur un programme d’abandon de la ZAC. Dès 2011, celui qui était alors le chef de l’opposition municipale dénonçait un projet qui allait « asphyxier Rosny » en créant une continuité urbaine entre Mantes et sa commune. Sitôt élu, il avait fait passer une délibération « annulant
la ZAC ». Sur le plan du droit, la manoeuvre était bancale - il s’agissait avant tout de poser
« un acte politique » - mais la délibération avait passé sans encombre, semble-t-il, le contrôle de légalité.
Ardent
Michel Vialay en revanche a été l’ardent promoteur de la ZAC. On l’a vu coanimer avec la maire de Rosny d’alors, Françoise Descamps-Crosnier, des réunions de concertation. Affrontant parfois de rudes oppositions. En juillet 2016 encore, il soutenait que l’écoquartier « n’est en rien abandonné, cela se fera » (déclaration faite au Parisien). Il semble avoir changé de religion, et découvert depuis que l’emprise Dunlopillo offrait des perspectives de « densification » (lire ci-dessous).
Quid des deux millions d’euros déjà dépensés en études ?
Le préfet des Yvelines n’a pas encore donné satisfaction aux maires de Mantes et Rosny. Dans un courrier du 4 octobre, il leur demande une « notice exposant et détaillant les motifs qui vous conduisent à me soumettre cette requête de suppression de ZAC ». Car leur courrier ne comportait « aucune justification d’ordre urbanistique, foncière ou encore écologique pouvant motiver cette demande, en dehors de la prochaine caducité de la DUP [déclaration
d’utilité publique] prononcée le 31 octobre 2013 ». Le préfet demande aussi à ces élus des garanties quant à leurs objectifs
en matière de construction de logements. Le préfet Serge Morvan « signale » en outre « que cette ZAC a fait l’objet d’études préparatoires menées et financées par l’Epamsa [l’établissement public chargé
de son aménagement]. Sa suppression nécessitera qu’un accord préalable soit trouvé afin d’assurer la compensation des coûts inhérents à ces études ». L’ancienne députée-maire
Françoise Descamps-Crosnier évoque la somme de 2 millions d’euros. À l’Epamsa, on confirme ce montant, en précisant : « Ce projet n’est pas abandonné tant que le préfet ne le signifie pas. Pour nous, il est en stand-by. » Pourtant, sur le site Internet de l’aménageur, l’écoquartier a disparu de la liste des projets en cours.