Au foyer Coallia, les murs n’ont plus de fenêtres
Les résidents du foyer Coallia de l’avenue Paul-Raoult vivent dans un bâtiment délabré et peinent à se faire entendre du bailleur. Ce dernier se dit impuissant face à des dégradations venues de « l’extérieur ».
Il suffit de commencer à monter les étages pour se rendre compte de l’état de délabrement du foyer Coallia, de l’avenue Paul-Raoult, à deux pas du quartier de la Vigne Blanche. Murs abîmés, fils électriques apparents, portes sans poignées et surtout, murs sans fenêtres… Lassés par ces conditions de vie, les résidents ont tenté, en vain, de s’adresser à la mairie et au bailleur. Aujourd’hui, ils ressentent un manque cruel de considération.
Manque d’empathie
À l’intérieur du foyer, on rencontre presque exclusivement des hommes, très souvent des travailleurs originaires de l’Afrique de l’ouest. Certains sont là depuis quelques mois, d’autres depuis plus de quinze ans. Quelques familles avec des enfants séjournent au rez-dechaussée, hébergées provisoirement ici par le 115 en attente d’un autre logement. Mais tous partagent un bâtiment fortement délabré. Dans les cuisines communes, où chaque résident peut préparer et prendre son repas, les fenêtres ne sont plus encastrées dans les murs. Elles reposent au sol et laissent la pièce ouverte à tous les vents. « Cela fait déjà cinq ans qu’il n’y a plus de chauffage. Sans fenêtres, il fait trop froid, on ne peut pas se faire à manger dans de bonnes conditions, c’est urgent », s’inquiète Boubou Sakho, délégué des 286 locataires. D’autres sujets inquiètent les locataires comme les ascenseurs souvent en panne, les coupures d’électricité, l’état des parties communes… « On a aussi du mal à parler avec le personnel, ils manquent d’empathie. Peut-être faudrait-il mieux les former à la dimension sociale de leur métier », estime Slimane Diallo, président d’une amicale de locataire du quartier voisin, venue en renfort car rodé au dialogue avec les bailleurs.
Chez Coallia, on est bien conscient de la situation. Mais ce sont les « personnes extérieures » au foyer qui sont pointées du doigt.
« Cette résidence fait l’objet de dégradations depuis des années par des personnes qui occupent les lieux mais qui ne sont pas locataires. Les ascenseurs ont été remis à neuf il y a quatre ans, ce qui était très onéreux et aujourd’hui, ils ne fonctionnent plus, ce n’est pas normal. On avait avant des réunions mensuelles avec la préfecture car on est aussi victimes de l’intrusion de dealers qui occupent parfois les lieux. Les systèmes de contrôles, électroniques et de vidéo surveillance ne tiennent pas bien longtemps avant d’être détruits et nous aurions besoin de mesures de police. Cela ne nous empêche pas de prendre en compte les réparations nécessaires. Le remplacement des fenêtres est d’ailleurs programmé », explique Alain Lounnas, directeur d’exploitation. Le responsable avance une autre explication, ce qu’il appelle « la solidarité villageoise ». « Nous faisons face à une situation migratoire particulière et certains de nos résidents originaires d’Afrique accueillent parfois des gens de leur village d’origine. Le bâtiment peut alors être en suroccupation et victime d’une usure accélérée ».
« Intrusion de dealers »