Bébé secoué : l’assistante maternelle reconnue coupable
Une énième affaire dite de bébé secoué a été instruite, le 3 novembre à Versailles. Les faits remontent à 2013. Le 15 octobre, un nourrisson gardé par une assistante maternelle présente des symptômes inquiétants : il vomit, régurgite et a des convulsions. Ausculté à l’hôpital Mignot du Chesnay, il est rapidement transporté à Necker. Le 23 octobre, le parquet de Versailles reçoit un signalement sur la situation. Une enquête est ouverte. Le nourrisson de 2 mois et demi a vraisemblablement été secoué.
Dès lors, la vie de ses parents va basculer dans l’enfer. Ils sont placés en garde à vue. La mère puis le père repensent tour à tour à tous ces gestes du quotidien qui auraient peut-être pu occasionner de graves blessures. Ils se soupçonnent mutuellement. L’angoisse perdure, la suspicion aussi.
Dans cette vie qui s’écroule, ils ne pensent pas un seul instant à l’aide maternelle professionnelle qui a gardé leur fils et qui, il faut bien l’avouer n’a pas du tout laissé croire qu’elle pouvait être à l’origine de ces violences. Pourtant Miriam va reconnaître lors de son audition devant les policiers qu’il s’était « passé quelque chose ».
On commence alors à y voir plus clair. La nounou finit par abdiquer : « J’ai secoué le bébé pour qu’il prenne son biberon. » La supposée spécialiste des enfants, qui a toujours indiqué aux policiers avoir « fait un stage d’une semaine sur le secouement des bébés », explique avec de la distance qu’elle prenait « l’enfant sur ses genoux pour le faire rire ». « Sa tête partait dans tous les sens », a-t-elle confirmé devant les juges médusés. Pis. Elle expliquait qu’elle lui « faisait faire l’avion ». Agacée ce jour-là parce que l’enfant s’endormait et ne prenait pas son biberon, la nounou a tenté de se défendre derrière le décès de son père. « J’ai eu des gestes inappropriés. Je l’ai secoué, je pense avec le recul. Mais pour moi, il n’y a pas eu de violences. Je vis dans la culpabilité depuis quatre ans. » « Vous avez eu des agissements incontrôlés, a précisé la présidente. Un enfant, c’est sacré pour une famille. »
La voix des parents a résonné quand leur avocat maître Frédéric Champagne a plaidé : « Ce ne sont pas des conséquences comme les autres, Madame. Dorénavant ils vont regarder comment leur fils va manger, comment il va regarder la télévision. Leur quotidien, il est fait d’inquiétude. Je vous parle d’un couple qui a entrepris la démarche de faire garder son enfant par une professionnelle qu’on ne soupçonne pas en pareil cas. La mère vous a même dit qu’elle se sentait coupable. Et vous que faites-vous ? Ils ont besoin d’entendre que vous avez secoué leur enfant. » La procureure ira jusqu’à mimer les gestes avec les bras
« Sa tête partait dans tous les sens »
lorsque l’on secoue un enfant avec « un angle à 45° ». « Je trouve que sa reconnaissance, elle est édulcorée. Je suis déçue. L’incertitude a été grande dans cette affaire. Pour les
parents, pour le parquet. » La défense va plaider l’absence de
« volonté de faire mal ». Mais dans ce camp-là, on se défend si mal qu’on a l’impression qu’on ne voulait pas dire toute la vérité. C’est le reproche principal que la justice ne va cesser de faire à l’assistante maternelle.
À l’issue de l’audience, le tribunal a prononcé une peine de deux ans, dont dix-huit mois avec sursis. Miriam devra suivre des soins. Elle a aussi reçu l’interdiction définitive d’exercer une activité professionnelle en lien avec des enfants. D’ici le 30 mars 2019, un médecin devra statuer sur les éventuelles séquelles de l’enfant. Les dommages et intérêts seront définitivement fixés le 5 avril de cette même année. Un long délai qui devrait permettre d’établir avec précision les conséquences sur le bébé.