Quand le café-écolo a butiné
Pour son 1er anniversaire, le café-écolo s’est penché sur le monde des abeilles. Découverte d’un peuple malmené qui a résisté aux dinosaures, mais qui ne survivra peut-être pas à l’homme.
L’existence des abeilles remonte à la nuit des temps mais depuis l’apparition de l’homme sur terre, les ennuis ont commencé pour elles : durant l’Antiquité, ça allait encore : les hommes attrapent les essaims, les mettent dans des poteries, des paniers de n’importe quels volumes où elles peuvent se développer (en partant de l’observation des « ruchers troncs » : là, nos ancêtres les étouffaient pour récupérer le miel). Jusqu’au XVIIe siècle le miel est en effet le seul sucre existant ! Il faut attendre le XVIIe siècle avec la canne à sucre et le XVIIIe avec la betterave pour concurrencer le miel.
Au XIXe siècle, on se met à s’intéresser au monde des abeilles et leur incroyable organisation du travail. Michel Perruchet (« l’homme des ruches », c’était prédestiné, plaisante-t-il) apiculteur amateur à Juziers qui a installé les ruches sur le toit de la Bioccop est venu fêter la première année d’existence du café écolo en racontant la vie des abeilles. C’était le 28 octobre dernier au restaurant le Biofitul Lunch à Épône.
En France, le début de la révolution industrielle coïncide avec l’industrialisation du miel. Et les ennuis de ces industrieuses vont aller crescendo. On se met à l’élevage des « reines ». Apparaissent les ruches transportables qui permettent les transhumances au rythme de l’apparition des fleurs. La course à la productivité a commencé. Avec la mondialisation, les choses vont forcément empirer : d’abord avec le croisement de nos « abeilles noires » adaptées à nos régions depuis des millénaires, avec les Italiennes dont le rendement est supérieur.
En 1956, « l’abeille tueuse », née du croisement d’une Italienne avec une Africaine, est encore plus productive mais très agressive, dangereuse. Là-dessus arrive le frelon asiatique… Ajouté aux pesticides, à la pollution atmosphérique, au réchauffement climatique… rien ne va plus ! La preuve : la consommation en France est passée de 40 000 tonnes à 10 000 avec pour conséquence, beaucoup d’importations de miel de provenance mal définie.
Reste « le miel bio » qui garantit qu’il est produit sur un rayon de 3 km du butinage des abeilles : par exemple, en France, les zones forestières, la Sologne, mais aussi la vallée de Chevreuse. Et des notes optimistes : avec la prise de conscience du problème, de nombreuses initiatives (un musée conservatoire). Enfin, l’observation qu’en grandes opportunistes, dans la nature, il reste des abeilles qui se débrouillent : ainsi elles ont essaimé dans la cheminée de la mairie de Juziers, l’église de Mezy !