Le Courrier de Mantes

Enivrez-vous de soul music !

Tour d’horizon du festival Blues sur Seine avec son directeur Arnaud Bel. Une 19e édition où la soul music aura à la part belle. Et où le blues sous toutes ses formes se conjuguera au féminin.

- Propos recueillis par Francine Carrière

Le Courrier de Mantes : Cette année, le festival fait la part belle à la soul music. Pourquoi ce choix ?

Arnaud Bel : Parce que la soul music fait partie des musiques afro-américaine­s que l’on aime bien représente­r. Énormément d’artistes soul ont marqué le festival de leur présence et de leur talent, comme Sharon Jones, Charles Bradley qui vient de nous quitter, ou encore les musiciens d’Amy Winehouse. Il y aurait encore cette une belle part de soul music avec des artistes majeurs que ce soit des musiciens de la grande époque qui tient la tradition comme Lee Fields qui est un remarquabl­e show man ou que ce soit des jeunes comme Ben l’Oncle Soul. Plusieurs concerts proposeron­t une musique métissée entre blues et soul, comme celui des Como Mamas, un trio féminin de gospel accompagné par un orchestre rhythm’n’blues et soul. Bref, il y aura de la soul sous toutes ses formes. Le chant choral semble aussi faire partie des thématique­s fortes de cette édition, avec des masters class, des restitutio­ns publiques, des rencontres dans les centres de vie sociale de Mantes-laJolie. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Le chant choral et le chant féminin en particulie­r sont mis en avant dans le cadre du festival, que ce soient les grandes voix comme Dee Dee Bridgewate­r et Betty Bonifassi, qui a été la voix des Triplettes de Belleville, ou bien le chant choral. C’est une forme très chère au festival car elle permet de lier les artistes profession­nels aux artistes amateurs du territoire. Par exemple, nous suivons 24 écoles en amont du festival qui répète des petits spectacles autour de la voix qui sont ensuite restitués en première partie des concerts du festival. Nous avons aussi invité Linda Lee Hopkins, l’une des grandes chanteuses de gospel. Elle animera des master class avec les chorales et invitera une centaine de choristes amateurs des Yvelines à se joindre à elle l’occasion de son concert à la Collégiale de Mantes-la-Jolie. Il y a aussi Les Amazones d’Afrique qui réunit les plus grandes chanteuses de l’Afrique de l’ouest. Elles vont travailler avec les femmes dans les centres de vie sociale sur le thème de la lutte contre les violences faites aux femmes et sur leurs droits. La chorale est aussi une forme de partage…

C’est vrai que le chant choral est un moment de partage particuliè­rement intéressan­t entre amateurs et profession­nels que l’on ne pourrait pas obtenir avec des instrument­s de musique sophistiqu­és qui nécessiten­t une longue pratique. C’est aussi la joie de partager un moment de musique.

Chaque année, le festival donne une large place aux femmes. Est-ce un choix de programmat­ion ou bien le reflet d’une réalité du blues qui serait une musique plus féminine que d’autres, comme le jazz ou le rock où il y a plus d’artistes masculins que féminins ?

C’est sûrement un peu des deux. Dès les années vingt, les femmes ont pris une place importante de cette forme d’expression par la voix par les textes. L’histoire du blues est marquée par des femmes qui avaient une forte personnali­té et c’est encore le cas aujourd’hui. C’est une volonté de notre part de programmer beaucoup de femmes. Mais il y a tellement de grandes artistes dans le blues que ce n’est pas un choix difficile à faire. Le chapiteau du Magic Mirrors qui, depuis quelques années, permettait de programmer des artistes plus locaux ne sera pas au rendez-vous de cette édition. Pourquoi ?

Nous avons expériment­é le Magiv Mirrors pendant 5 ans au centre-ville de Mantes-la-Jolie. Le public a été au rendez-vous, mais nous n’avons pas réussi à trouver un équilibre budgétaire satisfaisa­nt qui nous permette, dans des moments plus difficiles, de sauvegarde­r cette initiative. C’est une occasion de requestion­ner les projets et de revenir avec de nouvelles idées pour les éditions prochaines. Dès sa première édition, Blues sur Seine a inclus un tremplin pour soutenir les jeunes talents. En 19 ans de festival, comment a-t-il évolué et quel bilan en tirezvous ?

Si le tremplin a toujours été un moment important pour dénicher les nouveaux talents de la scène française des musiques afro-américaine­s, il est devenu un outil pour accompagne­r les artistes et les aider à vivre que leur musique, ce qui est loin d’être évident. L’évolution a été de mettre en place un dispositif de profession­nalisation. Pendant un an, nous accompagno­ns les artistes ou les groupes lauréats du prix Révélation sur la production, la communicat­ion, l’administra­tion, la diffusion. Le but, c’est qu’ils puissent pousser leur projet artistique jusqu’au bout. Parmi les lauréats du tremplin, quels sont les artistes qui vous ont le plus marqué ?

Il y en a beaucoup, certains ont pris une dimension nationale et internatio­nale comme les Moutain Men qui travaillen­t maintenant avec Denis Berthe, le batteur de Noir Désir. Il y a aussi Charles Pasi qui va faire l’Olympia et le théâtre de Conflans-Saint-Honorine. On peut aussi citer Nina Attal, ou encore Roland Tchakounté. Tous ces artistes ont trouvé leur public et nous en sommes très fiers. Quels sont les pépites à découvrir et les artistes à ne pas manquer cette année ?

Je suis particuliè­rement heureux que l’on ait réussi à faire venir Lee Fields. C’est une star de la soul. Il a ravi le public de Rock en Seine cet été. Il revient avec un show plein de tendresse et d’énergie, comme seule la soul peut en donner. Il y a aussi les Como Mamas, Et comment ne pas parler de Dee Dee Bridgewate­r. Elle a déjà répondu plusieurs fois à l’invitation du festival. Elle revient toute auréolée d’un album aussi du blues et du rhythm ’n’ blues Quel plaisir de voir une grande damez reprendre tout un patrimoine musical qui nous est cher.

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Arnaud Bel est le directeur du festival.

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