Le commissariat accusé de violences policières
Un jeune homme interpellé la semaine dernière à Mantes-la-Jolie accuse les policiers de violences et d’insultes racistes. Il souffre aussi de brûlures, à cause d’un chauffage d’appoint, pendant son transport au commissariat. L’IGPN a été saisie de l’enquê
Après une interpellation le mardi 7 novembre au Val Fourré, un jeune homme de 27 ans a déposé plainte contre des policiers du commissariat de Mantes-laJolie. Il les accuse de violences et d’insultes racistes. Le parquet de Versailles, qui a ouvert une enquête, décrit une arrestation mouvementée.
Deux versions radicalement différentes s’opposent dans ce dossier. Celle des forces de l’ordre et celle d’un jeune homme de 27 ans, gravement brûlé aux mains dans un fourgon de police. Il a déposé plainte contre X, accusant les fonctionnaires de violences et d’insultes à caractère raciste. En face, une procédure a été ouverte à son encontre pour outrage, rébellion et détention de produits stupéfiants.
Les faits remontent au mardi 7 novembre. Vers 16 h 45, le jeune homme se trouvait sur un parking du Val Fourré quand une patrouille est venue inspecter des véhicules en stationnement. « Il a donné spontanément aux policiers la clé de la voiture d’un ami, pour ne pas qu’ils forcent la portière », indique son avocat maître Calvin Job. C’est ensuite que l’intéressé déclare avoir été conduit dans le fourgon, pour un contrôle d’identité. « Il n’a opposé aucune résistance », assure son conseil. À peine monté dans le véhicule, le jeune homme, poussé dans le dos, se serait retrouvé au sol. Là, il aurait essuyé des coups et aurait été plaqué contre un chauffage d’appoint, occasionnant des brûlures aux mains. « Il les implorait de le relâcher, il pleurait de douleur, ajoute Me Job. Les policiers l’ont traité de sale négro. Ils lui ont dit : Sale négro, tu vas
payer. Et ils l’ont maintenu contre le chauffage pendant les dix minutes de trajet jusqu’au commissariat. » En garde à vue, devant l’étendue des blessures, les pompiers sont appelés. Le jeune homme est transporté dans la foulée à l’hôpital de Mantes-la-Jolie où il passera la nuit. Dans un même temps, sa garde à vue a été levée.
Dans les jours qui suivent, les douleurs persistant, il retourne plusieurs fois consulter avant d’être dirigé vers l’hôpital SaintLouis (Paris Xe), spécialisé dans les grands brûlés, pour y être opéré samedi. « Des brûlures au deuxième et troisième degré lui ont été diagnostiquées, aggravées par le diabète dont il souffre », indique
le parquet de Versailles, dans un communiqué. Une incapacité de deux jours lui a été délivrée. « Il
est encore très choqué, ajoute son avocat. Il aimerait savoir pourquoi il a été insulté, frappé et brûlé. »
D’après le parquet, le jeune homme a été interpellé après
avoir « pris à partie les fonctionnaires » sur le parking : « Il s’est rebellé et a tenté de prendre la fuite pendant qu’un rassemblement hostile se formait. » Dans le fourgon, il n’aurait « pas pu être positionné assis tant il se débattait ».
Placé « sur le dos, au sol », il se serait débattu de plus belle « nécessitant son maintien par trois policiers ». Il aurait aussi insulté les fonctionnaires et tenté de mordre l’un d’eux. De plus, ceux qui l’ont arrêté ont noté qu’il était en possession d’un sachet contenant « une petite quantité de résine de cannabis ».
A-t-il été emmené dans le fourgon après un acte délictueux, où au motif d’un banal contrôle de papiers ? S’est-il retrouvé plaqué au sol sans raison, où était-ce la seule manière de maîtriser son agressivité ? Ses brûlures sont-elles le fruit d’une maladresse ou témoignent-elles d’une volonté délibérée de faire mal ?
L’Inspection générale des services (IGPN), la police des polices, qui a le dossier entre les mains, devra trouver les réponses à ces questions. Une enquête préliminaire pour violences par dépositaire de l’autorité publique a été ouverte. Plusieurs auditions ont déjà été réalisées dans ce cadre.
« Compte tenu de la gravité de cette affaire et des blessures constatées sur l’individu, le parquet de Versailles tiendra la famille informée de l’avancée de l’enquête. D’ores et déjà, un dispositif propre aux victimes gravement traumatisées a été activé », ajoute le communiqué du parquet.
L’avocat : « Il n’a opposé aucune résistance »
Il aurait tenté de mordre un policier