Le Courrier de Mantes

Violée dans le train, elle publie un livre témoignage

Caroline Doléans a subi un viol collectif dans un train, entre Poissy et les Mureaux, en 2009. Elle vient de publier un livre dans lequel elle relate les années difficiles qu’elle a vécues après ce drame : entre décrochage scolaire, toxicomani­e et prostit

- Renaud Vilafranca

L’écriture comme « thérapie ». Caroline Doléans, sauvagemen­t violée dans un train entre Poissy et Les Mureaux, en 2009, a pris la plume pour surmonter sa détresse. Dans Il n’y a de lumière que dans la nuit, elle se confie sur sa descente aux enfers et sa difficile reconstruc­tion. Il y est question notamment de son recours à la prostituti­on pour se « réappropri­er » son corps et de son addiction à la cocaïne pour se changer les idées.

Tout bascule pour elle le 18 avril 2009. Au petit matin, la brillante lycéenne, alors âgée de 18 ans, rentre chez sa mère à Vernouille­t après avoir passé la soirée avec des amis à Paris. À Poissy, Caroline descend du RER pour monter dans le SaintLazar­e/Mantes. À bord de la rame, « une petite dizaine de jeunes de banlieue » n’attire pas son attention. L’un d’eux vient subitement l’importuner, rapidement rejoint par ses amis. À plusieurs, ils lui arrachent ses vêtements. Elle sera violée à trois reprises, avant d’être abandonnée à la gare des Mureaux. « Je me suis retrouvé à moitié nue sur le quai, expliquet-elle. À ce moment-là, je ne pensais plus à ma dignité. Je n’avais qu’une envie : rentrer chez moi, me laver, dormir et ne plus jamais me réveiller. »

Caroline ira tout de même déposer plainte dans la foulée. Après plusieurs mois d’enquête, ses agresseurs seront identifiés grâce à la vidéosurve­illance et à l’ADN collectées dans des préservati­fs retrouvés dans la rame. « Dans les jours qui ont suivi le viol, je n’étais pas bien du tout. J’avais peur qu’ils me retrouvent, confie-t-elle. J’avais aussi un besoin obsessionn­el d’en parler à ma famille, mes amis, à des inconnus. Je me suis aussi servi de mon viol pour excuser mon comporteme­nt, mon manque de motivation. »

Quelques mois après les faits, nouveau croc-en-jambe de la vie : le décès de sa soeur. Caroline, qui rêvait de s’inscrire à Sciences-Po pour devenir « présidente de la République », se désintéres­se peu à peu des études. La jeune femme, toujours rongée par son agression, rencontre aussi des problèmes relationne­ls avec sa mère. Elle sombre alors complèteme­nt, se replie sur elle-même et connaît sa première « relation tarifée » avec un homme.

La prostituti­on pour faire payer les hommes

Elle s’inscrit alors dans une agence d’escort-girl, en Suisse. « Ça m’a donné une sensation de pouvoir sur les hommes. C’était, littéralem­ent, un moyen de les faire payer, de

réparer le préjudice », explique Caroline, âgée aujourd’hui de 26 ans. C’est à cette même époque qu’elle se lancera dans l’écriture de son journal intime, une manière d’évacuer son malêtre.

Elle se prostituer­a pendant environ un an, période durant laquelle elle s’évade en sniffant de la cocaïne. Une rencontre amoureuse lui a permis de remonter la pente. En 2013, elle se fait embaucher en CDI comme hôtesse d’accueil dans un centre d’affaires parisien.

Le procès de ses cinq violeurs a été un moment important pour elle. Âgés de 16 à 18 ans au moment des faits, ils ont écopé de 10 à 14 ans de réclusion en première instance. Les peines ont été sensibleme­nt réduites en appel. « J’y suis allée la tête haute. Je n’avais pas à me sentir coupable », se remémore la jeune femme.

Aujourd’hui, Caroline est toujours suivie par un psychologu­e. Les trains de banlieue, ceux avec les « banquettes multicolor­es », l’angoissent : « Ça ravive des souvenirs. »

Mais elle va mieux. « Cette histoire restera en moi toute ma vie, estime-t-elle. J’ai appris à vivre avec. Je l’accepte, car dans la vie il faut accepter ce qui t’arrive. »

« Rentrer chez moi, me laver, dormir et ne plus jamais me réveiller. »

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L’écriture a servi de thérapie à Caroline Doléans.

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