Mémoire DU Mantois
Noëls de guerre en 14-18.
La correspondance de Paul Masson*, paysan de Follainville, permet de se rendre compte de l’importance du symbole représenté par Noël dans la conscience et les espoirs de paix des Poilus durant la Première Guerre mondiale.
Pour Noël 1917, alors qu’il est à l’hôpital à Vichy suite à une grave blessure contractée en avril au Chemin des Dames, il écrit : « Il y a un an aujourd’hui, on était encore à Belloy (Somme). Combien je me trouve heureux d’avoir été blessé car sans cela je serais encore à endurer la
misère physique et morale ».
À Belloy, un an plus tôt, il est un miraculé de l’offensive de la
Somme : « De mon escouade, je reste et un Martiniquais. »
il écrit : « Toujours la pluie et la boue. Cela va faire le 2e Noël que je vais passer aux tranchées. L’année dernière on était plus tranquille quand on était à Sacy-le-Grand » (Oise). À Noël 1915, il avait noté :
« Il pleut. Comme on se sent heureux d’être en repos pendant que l’on sait qu’il y a des malheureux […] Je crois que les Boches ont attaqué pas bien loin […] Il y a un an à pareille époque, j’étais aux
tranchées à Hébuterne (Pasde-Calais) où on entendait chanter les Boches. »
En effet, en ce premier Noël de guerre (1914) où les soldats avaient espéré être déjà rentrés chez eux, il était encore plein d’espoir et se félicitait d’une « trêve » tacite entre les deux
camps : « Chers parents. Aujourd’hui jour de Noël, je viens causer un peu avec vous. Hier soir, pour la messe de minuit, j’étais de garde dans les tranchées […] On entendait les Boches qui chantaient à tue-tête. Leurs voix graves et sonores se mêlaient au claquement sec des fusils. Quant aux Boches, ils ne répondent pas beaucoup […] Faut espérer que cela changera et qu’on verra des jours plus heureux. »
Hélas, comme pour tous les autres Poilus, il lui faudra attendre quatre longues années pour célébrer dans la tristesse et l’amertume le premier Noël de paix en 1918.
Maurice Martin Les Amis du Mantois-GREM
*Paul Masson, un paysan de Follainville dans la Grande Guerre. Édition des Amis du Mantois – GREM.