«Star Wars - Les Derniers Jedi»
C’est maintenant devenu une tradition : chaque fin d’année nous apporte son nouveau « Star Wars » dans les salles. Un après le spin-off « Rogue One », qui a quelque peu embrouillé l’esprit des spectateurs en terme de chronologie, voici donc la suite de la trilogie initiée en 2015 avec « Le Réveil de la Force ». Et les choses ne se sont pas arrangées pour les Rebelles, toujours pourchassés par le Premier Ordre du mystérieux Snoke, pendant que Rey est partie convaincre Luke Skywalker de la former et de venir prêter main-forte à sa soeur Leïa. C’est donc à de vraies retrouvailles avec le héros né dans l’esprit de George Lucas que cet épisode nous convie, non sans chercher à surprendre. Là où J.J. Abrams, réalisateur de l’opus précédent, paraissait trop respectueux de la franchise, Rian Johnson essaye avant tout d’imposer son style dans la galaxie lointaine, très lointaine. Une audace qui n’a rien de la révolution de palais, autant rassurer les puristes, et qui ne fonctionne pas d’emblée, la faute à une nécessité de passer d’une sous-intrigue à l’autre pour mieux poser les bases du récit, dont il vaut mieux en savoir le moins possible. Mais lorsque la sauce prend, « Les Derniers Jedi » évolue alors dans la stratosphère avec quelques morceaux d’anthologie. Plus beau film de la saga sur le plan visuel, il privilégie l’humain à l’action, et chaque bataille ou combat au sabre laser vient avant tout appuyer la psychologie des personnages. Découverts il y a deux ans, Poe et Finn gagnent ainsi en épaisseur en gravitant autour de la notion d’héroïsme, mais les vraies stars sont incontestablement Rey et Kylo Ren, tiraillés entre les côtés clair et obscur de la Force et dont le lien et la relation constituent la plus grande réussite de cet épisode. Lequel n’oublie pas l’émotion (grâce à Carrie Fisher, décédée il y a un an), ni de creuser cette idée de transmission au coeur du précédent : nous sommes en effet face à des « Star Wars » réalisés par des gens ayant grandi avec, et qui tentent de l’offrir à un nouveau public. En essayant moins de regarder dans le rétro que vers l’avant dans le cas de Rian Johnson, qui étonne, détonne, et ouvre de belles perspectives pour l’avenir.