François Morel, drôle de troubadour
Drôle, François Morel l’est, si joliment : ainsi dans ce pingpong de questions-réponses
avec le pianiste : « Quelle est la taille du général de Gaulle ? 1,96 m ! Oui, mais ça a été progressif. Il est passé par 1,42. Forcément. Pourquoi on n’en parle jamais. Et à la naissance il ne faisait pas 1,96 m. Heureusement pour sa maman. Imaginez le passage du képi. » Tout le spectacle joué mercredi à la Nacelle est émaillé de ces absurdités drolatiques qui ont fait la gloire des Deschiens. Et troubadour, il l’est du premier refrain à la dernière mélodie. Car entre deux boutades - « l’immobilisme est en marche et rien ne peut l’arrêter » - et autres déclinaisons sur la drôle de vie qui va comme elle peut dans le monde, il convoque Brel, Trenet. Superbe !
Tout en noir-anar, l’artiste arpente la scène de la Nacelle, de l’un à l’autre de ces quatre formidables musiciens et de leur double ou triple instrument de
musique. La mise en scène de Juliette, sa pote chanteuse, a la vivacité de ses flambantes chaussettes rouges : c’est que le fond de l’air est voyou, comme il chante. Avec des apartés à la Prévert autour du concombre de mer, trop peu évoqué dans la chanson française. Sans oublier la mélancolie qui se ramasse à la pelle comme les feuilles mortes. « Ah ! il fait vraiment
du bien », s’exclame à la cantonade une spectatrice à la sortie.
Eh oui, il y a des étoiles dans tous les yeux des gens qui sortent après quasiment deux heures de spectacle avec les rappels encore et encore. Et comme il a bien mouillé la chemise, on l’attend le temps de sa douche pour la séance de signatures : le livre de ses fameuses chroniques de France Inter du vendredi matin. « Moi, je mets mon réveil pour ne pas le rater », confesse une autre fan qui attend une dédicace, enfin trois : « la mienne et mes cadeaux de Noel ».