Le Courrier de Mantes

Un expert en armes à la retraite détenait un arsenal

- François Desserre

Jan est moins médiatique. Mais ce qu’il a fait est pratiqueme­nt un copier-coller de l’affaire du Sofitel de New-York ayant impliqué, en 2011, l’homme politique français Dominique Strauss-Kahn.

À quelques détails près. Car l’affaire se déroule dans un établissem­ent de moindre prestige : l’hôtel Balladins des Mureaux, dans la zone industriel­le des Garennes.

Nous sommes le dimanche 31 décembre. Il est 11h31. Tout va se jouer en 48 secondes précises.

Jan, 49 ans, ouvrier soudeur dans une mine polonaise de charbon, ne travaille pas. Jour férié oblige. Il est en France pour deux semaines, histoire de mettre du beurre dans les épinards. Sa femme et ses enfants sont restés au pays.

L’homme passe devant la chambre 114. La porte est ouverte. Ina* travaille. Elle vient de terminer le ménage dans la salle de bains. Elle est en train de changer les draps du lit.

Jan entre. Pour l’anecdote, il porte un jambon emballé sous le bras. Il compte en faire son dîner.

Comme il ne parle que polonais, il décide de se faire comprendre avec des gestes. Il mime un acte sexuel avec ses mains. Choquée, Ina décide de partir. Mais le quadragéna­ire la retient par le cou. D’un coup de pied, il fait sauter la cale qui retient la porte.

Dans un ultime geste de défense, l’employée parvient à se dégager. Elle gagne la réception et s’effondre en larmes.

Son récit pousse sa supérieure à prévenir la police. Jan est retrouvé dans l’hôtel et placé en garde à vue.

Sa première audition devra attendre que son taux d’alcoolémie diminue. Avec deux bières et une bouteille de vodka dans le ventre, son taux flirte avec les 2 grammes.

Ses esprits retrouvés, Jan va d’abord nier en bloc. Mais la vidéosurve­illance de l’hôtel va le confondre. Il est bien rentré dans la chambre 114, qui n’est pas la sienne, à 11h31. Il en est reparti après Ina, 48 secondes plus tard.

Face aux juges, ce mardi 2 janvier, Jan va réitérer l’excuse qu’il a mûrie.

« Je voulais lui faire une blague par rapport à son chapeau, une charlotte. Je voulais lui dire qu’il était sexy. C’était stupide. »

Quelques jours auparavant, déjà, il s’était fait remarquer sur le seuil de sa chambre, celle qui porte le numéro 101. Cela va l’accabler.

Une autre femme de ménage a frappé à sa porte. Jan lui a ouvert vêtu d’un simple slip.

« Ne me dites pas que vous n’aviez pas le temps d’enfiler un pantalon »,

tonne le magistrat. Pas de réponse. Cet ensemble emporte la conviction du procureur de la République.

« Ces faits sont inadmissib­les. Et l’ivresse ne les excuse pas. Au contraire. Cela les aggrave. Je ne vois pas d’autre solution que l’incarcérat­ion »,

a estimé Karine Thouati.

Le tribunal a suivi cette demande en prononçant une peine de 6 mois à purger à la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy.

À sa sortie, Jan ne pourra plus fouler le sol Yvelinois pendant 5 ans.

« Je voulais faire une blague »

* Le prénom a été modifié.

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