Porcheville : la prison pour mineurs va accueillir… des poules
La prison pour mineurs de Porcheville accueillera bientôt des pensionnaires inhabituels. D’ici quelques jours, trois poules s’installeront entre les murs de l’établissement. Le poulailler qui les abritera vient d’être aménagé au pied de l’unité 1, dite
« unité de responsabilité » qui peut accueillir jusqu’à dix détenus, choisis pour leur « bonne
conduite », qui disposent de plus de libertés que les autres mineurs de la prison.
Ils seront chargés de s’occuper des poules, accompagnés de leur « binôme éducateur/ surveillant », souligne un porteparole de la direction régionale de l’administration pénitentiaire. Le but de l’activité étant de responsabiliser ces jeunes, déjà impliqués dans des « projets scolaires, sportifs et culturels ». Dans le même esprit, un poisson rouge a également élu domicile dans cette unité fin novembre.
L’initiative est loin de faire l’unanimité chez le personnel de la prison.
« Ces pauvres bêtes n’ont pas demandé à venir en prison et encore moins à subir les projectiles que certains mineurs ne manqueront pas de leur lancer… Certaines personnes sont déconnectées de la réalité ! On pense
à la réinsertion avec des animaux mais pense-t-on aux victimes ? », dénonce la section Force ouvrière de l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Porcheville.
Samuel Messadia, secrétaire local du syndicat, pense qu’il y a
d’autres priorités à l’EPM. « Il y a de plus en plus d’incidents et d’agressions envers le personnel. On n’est pas contre la responsabilisation des mineurs, mais il faut d’abord régler les problèmes de sécurité, estime
ce surveillant. Puis avant de s’occuper des animaux, les détenus devraient apprendre à respecter les locaux, entretenir leur cellule et réfléchir sur ce qui les a conduits en prison. »
Selon lui, les surveillants comme les éducateurs sont opposés à ce dispositif.
Il pointe du doigt aussi des questions d’hygiène : « Les poules sont vectrices de bactéries, de poux, de vers. Elles peuvent contaminer les mineurs et le personnel, indiquet-il. Si une poule tombe malade, un vétérinaire viendra à l’EPM ? Ou ce sera à nous de la transporter ? »
Le syndicat évoque par ailleurs des faiblesses dans la sélection des mineurs placés à l’unité 1. « On compte, par exemple, un meurtrier présumé en attente de jugement, précise-t-il. Les détenus sont parfois placés là quelques jours après leur arrivée dans l’établissement, alors qu’il est censé y avoir une période d’observation. »