Le Courrier de Mantes

Municipale­s 2020 : déjà les grandes manoeuvres

Le projet d’une liste soutenue par Pierre Bédier vient d’être éventé. Elle serait conduite par Philippe Pascal, premier adjoint à Breuil-en-Vexin et suppléant du député Michel Vialay. Le leader local de LR, Eric Visintaine­r, est désavoué.

- Claude Cécile

Un projet de liste municipale soutenue par le président du conseil départemen­tal, Pierre Bédier, vient d’être révélé. Elle serait conduite par Philippe Pascal, l’ancien socialiste aujourd’hui proche de LR et suppléant du député Michel Vialay. Le leader local de LR, Eric Visintaine­r, qui n’a pas été retenu comme tête de liste, est désavoué. Le conseiller municipal socialiste Saïd Benmouffok a été approché.

À la manoeuvre, le président du conseil départemen­tal Pierre Bédier et le député Michel Vialay imaginaien­t sans doute un autre timing. Mais leur projet de liste pour les municipale­s de 2020 a été éventé en fin de semaine dernière. Le microcosme savait qu’un coup, genre coup de billard à trois bandes, se préparait. Cette liste serait conduite par le suppléant du député et premier adjoint de la commune de Breuil-en-Vexin Philippe Pascal. Bédier et Vialay ne voulaient pas que le leader de la droite mantevillo­ise, Eric Visintaine­r, la conduise. Ils lui ont annoncé début décembre, lui proposant tout de même d’en être. En troisième position - dans le rôle de la

« prise de guerre » ? - figurerait le conseiller municipal socialiste Saïd Benmouffok.

Eric Visintaine­r raconte aujourd’hui qu’il a demandé un délai de réflexion avant de dire à Michel Vialay qu’il donnerait sa réponse en 2019. Et comme on le pressait, il a décliné. « Ce n’est pas une question d’ego, explique-t-il, une liste ne peut pas être menée par deux personnes qui n’habitent pas

Mantes-la-Ville. » Car Philippe Pascal et Saïd Benmouffok n’y résident pas.

Est-il surpris d’être désavoué comme en 2014, lorsque Pierre Bédier avait accordé l’investitur­e UMP à Fabrice Andreella plutôt

qu’à lui ? « Cela fait quatre ans que je suis à Mantes-la-Ville, que je fais le boulot. Mais non, je ne suis pas vraiment surpris. À Mantes-la-Ville, Pierre Bédier a toujours soutenu des candidats de gauche, contre les gens de son parti. Il pense que la commune ne peut être gagnée que par un candidat issu de la gauche. » Philippe Pascal était au PS il y a une dizaine d’années, à la section de Mantes-la-Ville du temps où Monique Brochot en était la secrétaire.

Eric Visintaine­r précise encore

: « Pierre Bédier a fait savoir qu’il demanderai­t mon exclusion de LR. Il l’avait déjà demandée en 2014, et Valérie Pécresse s’y était opposée. Là, il va sûrement l’obtenir. »

En attendant il n’a plus accès à la permanence de la place du Marché payée par le microparti de Pierre Bédier. Ni, évidemment, à la permanence LR de la place Saint-Jacques à Mantes-la-Jolie. Avec ses amis, il envisage de faire

« sans permanence » et de continuer à « discuter » avec Annette Peulvast et Monique Brochot. À discuter d’une liste commune ?

L’ancienne maire Monique Brochot, aujourd’hui conseillèr­e municipale d’opposition, témoigne que son camarade de groupe Saïd Benmouffok lui a parlé en décembre de la liste

Pascal en gestation. « Il m’a dit : tu dois me soutenir, mais tu ne seras pas sur la liste. J’ai trouvé que c’était un manque de reconnaiss­ance vis-à-vis de celle qui lui a tout ouvert sur Mantes-la-Ville. Ce projet de liste n’est de toute façon pas crédible. Que vient faire ici Pierre Bédier avec quelqu’un qui n’habite pas la commune ? » Pour battre le FN en 2020, il faut, explique-telle, « une liste de rassemblem­ent au-delà des partis, qu’il ne soit pas fait mention des appartenan­ces politiques ».

Saïd Benmouffok sommé de démentir

De son côté, Saïd Benmouffok explique que la surprise créée par son éventuelle présence sur une liste soutenue par Bédier représente « une tempête dans un verre d’eau ». Certains de ses amis politiques l’ont sommé de publier un communiqué de démenti. Il explique au Courrier : « Je parle avec Philippe Pascal comme je parle avec tout le monde. Les seuls avec lesquels je ne parle pas, ce sont les gens du FN. Je ne suis pas dans son camp, je suis un élu de gauche, mais il faut accepter ce principe de réalité : Pierre Bédier est un acteur politique du Mantois. » Saïd Benmouffok estime que les têtes de liste de 2014 sont définitive­ment « disqualifi­ées ». Dans un communiqué publié lundi, il s’en est pris à Eric Visintaine­r, qualifié de « courtisan éconduit » qui « accuse les uns et les autres d’avoir fait échouer ses petites ambitions ». Il affirme désormais que « la question de ma participat­ion ou non à telle ou telle liste est totalement secondaire. Je n’ai moi-même aucune certitude à ce sujet, le temps n’est pas venu d’y songer ». Même s’il est tôt, la campagne des municipale­s de 2020 a bel et bien commencé. Un remake de 2014 en plus navrant ? Lundi, le maire Cyril Nauth a indiqué qu’il serait bien candidat.

« Pierre Bédier a demandé mon exclusion de LR. » Eric Visintaine­r.

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Eric Visintaine­r tractant sur le marché de Mantes-la-Ville. Il n’est pas récompensé de ses efforts militants.
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Saïd Benmouffok au conseil municipal, en décembre.

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