Le Courrier de Mantes

Breuil-Bois-Robert

Quand Didier Lockwood enflammait la place du village

- Renaud Vilafranca

« Il avait joué Les mouettes avec son violon, c’était quelque chose. »

Robert Flagel, ancien élu municipal, était là, le 14 août 1992, quand Didier Lockwood a donné un concert sur la place de la mairie. Le violoniste, décédé brutalemen­t le 18 février dernier, avait élu domicile dans le village dans les années 90.

Un an après son arrivé, il avait offert ce spectacle à la municipali­té. « Un agriculteu­r avait prêté un plateau pour qu’on

en fasse une estrade », raconte l’ancien élu. Sur cette scène improvisée, le jazzman de génie avait invité son frère, Francis, également musicien de talent. Ils avaient interprété de nombreux classiques : Martinique, Solar de Miles Davis, Les feuilles mortes, Un jour mon prince viendra… En toute intimité avec le public Breuillois, les habitants des villages alentour n’ayant pas été prévenu, selon le Courrier de Mantes de l’époque. L’interpréta­tion du morceau Les mouettes avait également retenu l’attention du journalist­e qui avait couvert le concert :

« Un morceau où il multiplie les prouesses instrument­ales, parvenant à créer une ambiance de bord de mer avec cris d’oiseaux, fracas des vagues et bruits des trains. »

« Après le concert, il avait invité le conseil municipal à boire le punch chez lui. On était une bonne dizaine,

se souvient Robert Flagel, âgé aujourd’hui de 85 ans.

Il était avenant et sympathiqu­e. »

De son seul passage dans cette grande demeure située dans une impasse du centre-bourg, Robert Flagel a en mémoire un intérieur plutôt sobre, sans extravagan­ce. La maison a depuis changé de propriétai­re.

Durant ses années mantoises, Didier Lockwood, qui s’est marié à Breuil-Bois-Robert le 15 octobre 1993 avec Caroline Casadesus, fréquentai­t le magasin Tomahawk Musique, situé à Guerville.

« Il nous avait emprunté du matériel pour une fête qu’il organisait chez lui, confie Patrick Folie, le

Au moment de son déménageme­nt, il nous a apporté des étuis à violon et des accessoire­s qu’il ne voulait pas emporter. On est allé chez lui récupérer des isolants phoniques muraux qu’il avait installés de façon à travailler en confort et sans gêner le voisinage. »

gérant.

Un agriculteu­r prête une machine pour improviser une scène

Lui et le batteur des Rolling Stones à la fête foraine du village

Le violoniste recevait régulièrem­ent des artistes pour travailler à domicile, selon ce témoin.

« Il y a eu notamment Charlie Watts, le batteur des Rolling Stones. Ils ont d’ailleurs déambulé ensemble dans le village à l’occasion d’une fête foraine sur la place. »

Le jazzman a déménagé aux alentours de l’année 1996, pour aller habiter une commune plus proche d’un aéroport, en raison de ses nombreux déplacemen­ts en France et à l’étranger. « Il

m’avait dit qu’il en avait marre de perdre autant de temps dans les bouchons de l’autoroute A13 », précise à ce

sujet Patrick Folie.

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L’article paru dans le Courrier de Mantes après le concert. À droite, Didier Lockwood, à gauche, son frère.

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