«Lady Bird»
Les cinéphiles, qui suivent l’actualité de très près, en ont forcément entendu parler. Déjà parce qu’il s’agit du premier film, en tant que réalisatrice, de Greta Gerwig, actrice remarquée dans des longs métrages tels que « Frances Ha » ou « Maggie a un plan », grâce auxquels elle a presque créé un sous-genre pour réunir ses personnages attachants et maladroits. Puis parce que « Lady Bird » a pratiquement fait l’unanimité partout où il a été montré, allant même jusqu’à battre le record, établi par « Toy Story » fin 1999, du plus grand nombre de critiques positives. Et c’est auréolé de cette réputation flatteuse, à laquelle il convient d’ajouter deux Golden Globes et cinq nominations aux prochains Oscars, qu’il débarque aujourd’hui sur nos écrans. Avec un résultat à la hauteur des attentes ? Oui si l’on n’entre pas dans la salle en espérant y trouver l’un des meilleurs films de la décennie. Car « Lady Bird » est très réussi, et a de grandes chances de se retrouver dans les Tops 10 de fin d’année. Mais le buzz qui l’entoure pourrait jouer contre lui, car il brille avant tout par sa simplicité, et non son ampleur ou un éventuel gros sujet abordé. Il y est « juste » question de Christine, jeune élève de Terminale qui demande à se faire appeler Lady Bird, et cherche à tout prix à quitter la petite ville où elle a grandi pour aller étudier et ne pas devenir comme sa mère, une infirmière aimante au caractère bien trempé. Ce n’est pas pour autant qu’il s’agit là d’une autobiographie, comme la réalisatrice l’a bien précisé, mais le récit sent le vécu. Et quiconque a quitté sa famille pour partir à l’aventure dans une plus grande agglomération pourra facilement s’identifier et être touché par cette belle histoire, drôle, émouvante et portée par une troupe d’acteurs impeccables, à commencer par Saoirse Ronan, qui ne cesse de confirmer les espoirs placés en elle il y a dix ans, lorsque nous l’avions découverte dans « Reviens-moi ». La comédienne est ici un parfait alter ego de la cinéaste et scénariste, qui devrait conforter son statut de reine du cinéma indépendant américain grâce à cette « Lady Bird », qu’il faut prendre pour celle qu’elle est, à savoir une jolie petite pépite plus qu’agréable à voir, et non le chef-d’oeuvre ultime dont on a pu parler.