Il attaque l’hôpital après le décès de sa mère
Un habitant de Juziers vient de déposer plainte contre l’hôpital de Meulan-en-Yvelines, le Samu et les pompiers après le décès de sa mère survenu mi-janvier. Selon lui, une succession de négligences serait à l’origine de sa mort.
Un habitant de Juziers attaque en justice l’hôpital de Meulan-enYvelines, le Samu 78 et les pompiers. Il estime qu’une succession de négligences est à l’origine du décès de sa mère, morte aux urgences le 12 janvier dernier. Selon lui, les secours ont tardé à la transporter et la prise en charge hospitalière a été insuffisante.
Marc Ferry veut obtenir des réponses après le décès de sa mère, Denise âgée de 90 ans. Elle est morte le vendredi 12 janvier dernier, quelques heures après son admission aux urgences de Meulan. Cet habitant de Juziers, conseiller municipal et parent de l’ancien ministre Luc Ferry, vient de déposer plainte contre le Samu, les pompiers et le centre hospitalier de Meulan. Il attaque les deux premiers pour « homicide par imprudence » et « non assistance à personne en danger » ; le dernier pour « homicide par négligence ». Il cherche à savoir pourquoi les pompiers ne se sont pas déplacés. Pourquoi le Samu a mis tant de temps à venir. Et surtout s’il y a eu des dysfonctionnements dans la prise en charge de sa mère à l’hôpital.
Il appelle le 15, le 18, le 17…
Dans sa plainte, il détaille la chronologie de cette soirée tragique. Le jeudi à 21 heures, sa mère se plaint de douleurs
« insoutenables » à l’aine. À 21 h 37, Marc Ferry, qui habite avec elle, compose le 15. Il décrit à l’opérateur les symptômes dont souffre la vieille dame et lui fait le récit de ses antécédents médicaux. « On m’a répondu : ne bougez pas, on vous envoie une ambulance, affirme-t-il. De toute manière, je suis moi-même handicapé à cause d’un accident de la circulation. Je n’aurais pas pu soulever ma mère pour l’installer dans la voiture. »
Une heure après, le Samu n’est toujours pas là, alors que sa mère se « tord de douleurs ». Marc Ferry compose le 18 pensant trouver de l’aide. Dans sa plainte, il indique que les pompiers auraient tout bonnement refusé de se déplacer : « Tout de suite, mon appel a été redirigé vers le Samu, où j’ai
dû tout réexpliquer. La personne au bout du fil n’avait pas l’air de me prendre au sérieux. Le ton est monté. La communication a été rebasculée vers le standard des pompiers où là on m’a dit : si le Samu ne se déplace pas, c’est qu’il n’y a pas d’urgence. Donc nous ne nous déplacerons pas puisqu’il n’y a pas d’urgence. J’ai insisté, j’étais à bout de nerfs. Ça n’a servi à rien. » « Dans la panique », cet homme de 59 ans tente sa chance dans la foulée au 17. « Le policier que j’ai eu en ligne ne pouvait rien faire pour moi, ce que je comprends. Il m’a gentiment orienté vers SOS médecins. » Service qu’il a immédiatement contacté, sans plus de succès. Personne n’a décroché.
L’ambulance arrive au bout de deux heures
À 23 h 30, finalement, une ambulance privée se présente devant le domicile de sa mère. « Elle a sûrement été envoyée après mon appel au Samu. Ce n’était pas des médecins mais de simples secouristes avec des moyens matériels
limités », explique-t-il. Une fois arrivée aux urgences de Meulan, vers 0 h 30, la situation de la nonagénaire ne semblait pas préoccuper le personnel présent, selon son fils. Il aurait pourtant bien insisté sur les souffrances endurées par sa mère. Le Juziérois pense que les soignants sont passés à côté du problème. « Elle était installée dans une pièce, sans monitoring, sans surveillance particulière. On lui a fait des analyses de sang, une radio des poumons, mais
pas d’examens poussés de la zone douloureuse, déplore-t-il. À un moment, ma mère m’a pris la main et m’a supplié : j’ai très mal, demande-leur de faire quelque chose. »
Marc Ferry, encore sous le choc, a ressenti comme un flottement dans le service qui ne lui
semblait pas bondé. « Chacun vaquait à ses occupations. Personne n’a réussi à poser de diagnostic sur l’état de santé de ma mère. On m’a même dit : vous savez, les personnes âgées ont souvent des douleurs. C’est indigne d’un hôpital public », ajoute Marc Ferry.
À 2 h 05, comme l’indique le compte rendu d’hospitalisation, tout bascule. Denise fait un arrêt cardiaque. Elle est réanimée avec succès mais son état de santé se dégrade rapidement.
« Un médecin est venu me voir pour me dire qu’il n’était pas opportun de pratiquer une réanimation invasive,
rapporte-t-il, confirmant ce qui est écrit dans le compte rendu d’hospitalisation.
Je lui ai dit de tout faire pour lui sauver la vie. »
Vers 3 h 15, un membre du personnel est venu lui amener les effets personnels de sa mère… Il a compris que cette fois c’était fini. Qu’est-ce qui a provoqué l’arrêt cardiaque ? On ne lui a donné aucune explication. Aurait-il pu être évité ? Il compte sur la justice pour lui apporter la réponse.
« Pour son âge, elle était encore très autonome et elle avait tout sa tête. Ma mère était loin d’être mourante, ajoute-t-il. Il s’est écoulé six heures sans que personne ne soit capable de résoudre l’incident, laissant couler ma mère vers la mort. »
« Une plainte de ce type donnera lieu à une enquête, menée par un médiateur médical externe à l’établissement »,
répond la direction de l’hôpital de Meulan, qui refuse de commenter le fond du dossier. Le Samu et les pompiers n’ont pas souhaité non plus répondre à nos questions, indiquant qu’ils transmettraient les éléments en leur possession à la justice, en cas de réquisition.
Marc Ferry a également attaqué l’État au tribunal administratif pour « manquement à son devoir de moyens ». Renaud Vilafranca