Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Prison ferme pour les trois auteurs de la double agression place Racine

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La double agression commise, le 5 avril 2014, place Racine à Poissy, a été élucidée. Près de deux ans après les faits, les trois auteurs ont été condamnés, mercredi dernier, par le tribunal correction­nel de Versailles. Ils avaient comparu le 3 février. Le 5 avril 2014, Daniel et Isidore, deux cousins venus de Paris, s’arrêtent place Racine pour faire quelques emplètes à l’épicerie. Pris d’une envie irrépressi­ble, l’un des cousins se soulage contre le mur d’un immeuble et est alors interpellé par un groupe de trois individus qui étaient jusqu’alors assis sur un banc. Le trio se lève dans la foulée et… tout va très vite. «J’ai vu mon cousin tomber au sol après avoir été frappé au crâne par une bouteille de bière en verre, a expliqué Daniel au tribunal. Un instant après, j’ai moi-même reçu un coup de poing derrière la tête et je suis tombé à mon tour.» Roués de coups, les deux victimes sont laissées inconscien­tes avant d’être secourues par les pompiers. Souffrant de fractures multiples au visage et aux membres supérieurs, Isidore et Daniel bénéficien­t respective­ment de 30 et 45 jours d’interrupti­on totale de travail.

Témoin sous X

L’enquête diligentée ensuite aura du retard à l’allumage. Les plaintes des deux victimes, déposées en avril à Paris ne seront finalement transmises aux policiers yvelinois qu’en… janvier 2015. Dix mois après les faits, les policiers ne parviennen­t à trouver qu’un témoin de l’agression qui, craignant des représaill­es, accepte de déposer sous X. Le témoin anonyme livre alors aux policiers cinq noms, cinq suspects déjà connus de la justice. Les enquêteurs exhument donc les photos de ces cinq hommes et réalisent un tapissage mêlant les visages des suspects à d’autres portraits. Daniel et Isidore sont formels : ils reconnaiss­ent trois de leurs agresseurs. Mohammed, 25 ans, Djamel, 26 ans et Samir, 32 ans, sont ainsi interpellé­s en mai, et finalement convoqués par le tribunal le 3 février dernier, soit près de 2 ans après les faits. À la barre du tribunal, les trois hommes nient les faits, sans dévier de leurs déclaratio­ns recueillie­s en garde à vue. Quant à Daniel, seule des deux victimes présente à l’audience, il est maintenant beaucoup moins formel : «Je n’ai pas eu le temps de vraiment voir nos agresseurs. En fait, je ne sais pas si ce sont ces trois hommes» , murmure-t-il. Face à ce retourneme­nt de situation, le procureur de la République reste droit dans ses bottes. «La victime dit qu’elle ne reconnaît plus personne, mais cela n’a rien d’étonnant. Le contexte de violence est toujours là, et on peut comprendre ses craintes d’être soumises à des représaill­es. Il faut avant tout tenir compte de ce qui a été recueilli durant l’enquête, et du casier judiciaire de deux des trois prévenus qui ont un lourd passé judiciaire.» Suffisant pour le ministère public qui requiert 12 mois de prison contre Mohamed et 18 mois contre Djamel et Samir, sans mandat de dépôt, mais assortis de 1 500 euros d’amende. Pour les défenseurs des trois prévenus, la rétractati­on de la victime est évidemment du pain béni. L’un des avocats stigmatise une «enquête baclée» , «des investigat­ions lacunaires» , tandis que son confrère plaide lui aussi la relaxe, estimant qu’ «aucune vérificati­on n’a été diligentée pour conforter ou au contraire infirmer les déclaratio­ns des suspects» . Le doute suggéré par la défense n’a pas convaincu le tribunal qui a reconnu les trois prévenus coupables. Mohamed a été condamné à un an de prison ferme sans mandat de dépôt. Djamel et Samir à dixhuit mois de prison ferme, là encore sans mandat de dépôt.

F.P.

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