Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Une église en cache une autre
Avant la collégiale NotreDame, il y a eu l’église Sainte-marie. C’est ce qu’expliquera à grands renforts de documentation l’exposition en cours de préparation par le Cercle d’études historiques et archéologiques de Poissy, en lien avec l’association de sauvegarde du patrimoine sacré de Poissy. Exposition que l’on découvrira à compter du 7 avril prochain. Exposition organisée par la ville de Poissy et le service des Archives communales, en lien le Cercle d’études historiques et archéologiques de Poissy (CEHA) et l’association Sauvegarde et animation du patrimoine sacré de Poissy (SAPS). Bernadette Dieudonné est viceprésidente de ces deux structures. Passionnée, elle nous invite à remonter le temps, à l’époque du roi Robert II Le Pieux, le fils d’hugues Capet. «Robert II a fait construire une église dédiée à sainte Marie, explique-t-elle, là où se trouve aujourd’hui la collégiale. Elle était d’ailleurs presque aussi grande que l’église actuelle. »
Incendie
Pour une raison incertaine, entre 1120 et 1150, une seconde église a été construite au dessus de la première. «Soit celle du XIE siècle s’était écroulée au début du XIIE siècle, soit elle n’était plus assez grande face à l’augmentation de la population du royaume, soit c’est lié à des problèmes d’infiltration d’eau. Elle a aussi pu prendre feu. » La nouvelle église s’appuie sur la tour porche de l’église précédente, jusqu’à deux niveaux du sommet. «Au XIIE, on a rajouté deux étages et le clocher. Grâce à un plan de 1902, on sait que la première église était située 2,15m sous l’actuelle. » Le mystère est entier sur l’identité de la personnalité qui a ordonné de construire la Collégiale au XIIE siècle. «La nef et le choeur ont été réalisés à cette époque. Fait intéressant, l’église avait été bâtie en partant du fond pour aller vers le choeur, ce qui n’était pas la façon de faire habituelle de l’époque. » En 1346, les Anglais, sur ordre du Prince Noir, incendient le château et l’église est en partie détruite par le feu. «Le choeur sera refait au XIVE siècle ; les chapelles flamboyantes seront réalisées aux Xveet XVIE siècles, en même temps que l’ouverture du portail côté sud, avec ses décorations de style Renaissance. »
A l’abandon
La collégiale subit les affres de la guerre de Cent Ans, puis des guerres de Religion. «Pendant La Fronde, vers 1650, les habitants se réfugient pendant quinze jours dans l’église.» A la Révolution française, entre novembre 1793 et l’été 1795, la Collégiale est fermée au culte, avec interdiction d’y pénétrer. «Cela ne l’a pas arrangée. Quand les restaurateurs du XIXE sont intervenus (Auguste Goy, Eugène Viollet-le-duc, Camille Formigé) elle était bien dégradée : des pierres tombaient sur les fidèles.» Mais, lorsqu’il a fallu choisir entre les deux églises : «Les Pisciacais ont préféré retenir la Collégiale qui était « leur » église paroissiale et celle où saint Louis avait été baptisé (en 1214). » La prieurale subira alors un sort funeste, puisque vendue à des propriétaires privés en 1795, elle sera démontée et ses pierres et statues éparpillées. «On en trouve des vestiges au musée du Louvre, au musée de Cluny, etc.» A noter qu’en 1944, malgré le bombardement intense du pont de Poissy situé tout près, la collégiale n’a pas «trop souffert » pendant la Seconde Guerre mondiale.
T.R.