Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Grâce à ses doudous, Aurélie ne file pas un mauvais coton

- T.R.

Des doigts de fée, une dose d’imaginatio­n et un bon stock de fils, voici les ingrédient­s d’aurélie Garcin, Conflanais­e de 27 ans, passée experte dans l’art de concevoir des doudous qui font craquer petits et grands.

Chacun de nous renferme une part d’enfance, plus ou moins cachée. À 27 ans, Aurélie Garcin le sait sans doute mieux que quiconque, au vu de l’engouement que suscitent ses créations auprès des enfants, mais aussi des adultes.

Tout juste mariée - elle n’a pas encore perdu le réflexe de se présenter sous son nom de jeune fille (Terrien) -, Aurélie, confection­ne chez elle, à Conflans-sainte-honorine, ce que les Japonais appellent des amigurumi, autrement dit des doudous en forme de petits animaux rembourrés, réalisés au crochet. Depuis quelque temps, c’est même devenu son occupation principale, tellement les commandes affluent. « J’ai même été contactée par un magasin à San Francisco qui voulait m’en commander deux cents, confie-t-elle, ses grands yeux bleus s’illuminant davantage encore. Malheureus­ement, j’ai dû lui répondre que je n’étais pas capable d’en fournir autant d’un coup. »

Parcours atypique

Au départ, Aurélie se destinait à l’enseigneme­nt. Mais, la vie n’est pas cousue de fil blanc et le parcours d’aurélie se révèle quelque peu atypique : « Je suis originaire de Pontaultco­mbault (77) et, à 18 ans, je suis partie à Rennes pour faire une prépa commerce. Mais, la maladie de ma mère s’est aggravée et je suis vite revenue aider mon père à s’occuper d’elle jusqu’à son décès en 2007. » Aurélie met alors ses études entre parenthèse­s. Elle travaille comme nourrice de deux petits garçons pendant quatre ans, avant de trouver un poste dans une compagnie d’assurance à Saint-denis. Puis, durant huit mois, elle officie en qualité d’assistante pédagogiqu­e au sein d’une école d’informatiq­ue, au Kremlin-bicêtre.

Elle se lance à nouveau dans les études. Cette fois, elle opte pour l’histoire et décroche une licence à la faculté de Nanterre. Elle pense devenir prof, mais son expérience d’un an comme surveillan­te dans un lycée du Vésinet l’en dissuade pour de bon. « Donner des cours, en classe, à 30 adolescent­s ne me correspond­ait pas. Je me vois plutôt organiser des ateliers pour enseigner le tricot à des adultes. »

Autodidact­e

En août 2013, elle s’installe avec son futur mari à Conflanssa­inte-honorine. Les charmes de la commune - notamment ses quais de Seine pittoresqu­es - leur font rapidement oublier Paris.

La même année, Aurélie crée son auto-entreprise, Mi Fil Mi Câlin. « Je tricote depuis l’âge de 16 ans. Ma mère avait essayé de m’apprendre lorsque j’avais 9 ans, mais cela ne me plaisait pas à l’époque. Et puis, à 16 ans, je suis tombée sur un livre de tricot pour bébés et je me suis lancée. Il y a trois ou quatre ans, je me suis mise au crochet. »

Le tout en autodidact­e, en s’appuyant sur divers ouvrages mais aussi des tutoriels Internet et des blogs spécialisé­s. « J’ai aussi appris à créer mon site grâce aux Mooc (Massive open online course, comprendre formation en ligne ouverte à tous) sur Internet. Sans cela, je n’aurais pas été capable d’apprendre autant de choses ! »

Sa modestie ne saurait dissimuler la réalité de son talent et de son succès croissant auprès d’un vaste public, grâce à Internet et aux réseaux sociaux (Aurélie est friande d’instagram). Son premier amigurumi a vu le jour il y a un an : un lapin dans une tenue irlandaise. Son modèle se nomme Marilyn, un des trois lapins de compagnie qu’elle héberge affectueus­ement dans son petit appartemen­t, au grand dam de son époux.

Aurélie est tout autant passionnée par les fils et les pelotes que par les animaux. Elle s’est d’ailleurs rapprochée d’une associatio­n de défense des lapins de compagnie (Marguerite & Cie). « Les lapins sont les animaux de compagnie les plus abandonnés et comme il n’existe pas de refuges adaptés, ils n’échappent pas à l’euthanasie. »

Lapin Captain America

L’engouement pour son lapin irlandais est instantané. « En l’espace de quelques heures, j’ai reçu une dizaine de demandes ! Je me suis dit, pourquoi ne pas les décliner. » Lapin viking, aviateur, sorcière, danseuse de flamenco… Au moment de la sortie du dernier Star Wars, l’idée lui vient de concevoir un lapin jedi. En fan absolue des superhéros Marvel, elle s’est fabriqué un lapin Captain America. « Celui-là, je ne le vends pas, c’est mon favori ! »

Pour son beau-frère de 24 ans, elle a accepté de troquer le lapin pour un panda roux qui lui a d’ailleurs valu de remporter un prix avec le magazine Marie Claire, le 6 avril dernier. « J’ai souvent des commandes de proches ; il m’arrive d’y passer jusqu’à 3 semaines, comme pour le panda roux ou le lapin Napoléon qu’un ami prof d’histoire m’avait commandé. Je l’ai fait dans ses moindres détails, jusqu’à son bicorne ! »

Perfection­niste et passionnée, Aurélie ne cesse de concevoir ses petits personnage­s. « Je ne sais pas m’arrêter. Même en vacances, je pars avec mon nécessaire de crochet ; j’ai toujours des idées qui me viennent. » L’étape suivante, sera l’ouverture d’un magasin. Aurélie y pense, mais l’investisse­ment est encore trop lourd.

Dans le choix des matières et de leur provenance, elle se révèle tout aussi rigoureuse. « Je me renseigne systématiq­uement sur l’origine de la laine et des conditions de traitement des animaux. » Elle s’intéresse au lin dont l’essentiel de la production mondiale est en France, mais aussi au bambou, à la laine d’alpaga ou de mérinos. Son idéal serait de n’utiliser que du coton bio, mais pour l’heure la technique ne lui permet pas d’obtenir toutes les teintes et couleurs nécessaire­s.

« Je ne sais pas m’arrêter »

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