Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Scolariser les enfants de moins de 3 ans, oui mais…
À Carrières-sous-poissy, l’accueil dans les écoles des enfants de moins de 3 ans est devenu un sujet d’inquiétudes à la fois pour la municipalité, pour l’opposition et pour des parents d’élèves.
« J’ai appris que la mairie a décidé, sans préavis, de supprimer la toute petite section de maternelle de notre quartier. » Une représentante de parents d’élèves de l’école maternelle Frédéric-mistral, à Carrières-sous-poissy, a écrit un courrier à l’attention des parents d’élèves du quartier Saint-louis où se situe l’école. Selon ses termes : « Il est de ma responsabilité de rendre cette décision publique afin que les parents d’enfants nés entre janvier et mars 2014 prennent connaissance de cette nouvelle mesure. »
« Pourquoi les supprimer ? »
Interpellé sur la question, Eddie Aït, élu d’opposition, a écrit au maire de Carrièressous-poissy, Christophe Delrieu. « Nous vous sollicitons pour connaître la décision qui a été prise et tenons à faire part de notre désapprobation si ces fermetures de classes « toute petite section » en maternelle, pour la rentrée de septembre 2016, étaient confirmées. »
La représentante des parents d’élèves de l’école Frédéric-mistral souligne dans son courrier l’importance de ces classes dans les quartiers prioritaires classés réseau d’éducation prioritaire (REP) : « L’intégration des classes « toute petite section » est un axe majeur du gouvernement. »
Elle cite : « La scolarisation des enfants avant 3 ans a été identifiée comme un puissant levier pour la réussite des élèves notamment de ceux issus des milieux les moins favorisés. Ceci me semble clair et correspondre en tout point aux besoins de notre quartier. » Puis elle ajoute : « Cette section est une chance pour les enfants qui auront 3 ans au début de l’année civile 2017. Elle est bénéfique tant sur le plan du développement que sur le plan social. » Et d’interroger : « Puisque la structure existe, puisque ces classes d’accueil de « toute petite section » ont fait leurs preuves, pourquoi songer à les supprimer ? »
Qui est compétent ?
Le maire, Christophe Delrieu, répond, en substance, qu’il n’est pas question de supprimer les classes « toute petite section » dans la commune. En premier lieu, car il n’en a pas la compétence : « Ce n’est pas la Ville qui définit le nombre de places dans les écoles, mais l’éducation nationale. » L’édile rappelle le principe : « La loi prévoit que l’école accueille les enfants qui ont 3 ans révolus au 31 décembre de l’année civile, puis, dans la limite des places disponibles, les enfants qui ont moins de 3 ans, en fonction de leur date de naissance. »
Ainsi une liste d’attente est constituée et sont prioritaires, pour la rentrée de septembre 2016, les enfants qui sont nés avant le 31 décembre 2013, puis les enfants de janvier 2014, ceux de février 2014, et ainsi de suite.
« Nous accueillons 104 enfants en toute petite section, dans toutes les écoles de la ville, annonce le maire. Des parents d’enfants nés au-delà du 31 décembre ont sans doute reçu un courrier de la Ville leur disant qu’il n’y avait plus de place disponible. Cela ne veut pas dire que les classes sont supprimées. Et puis, des places peuvent se libérer d’ici la rentrée. »
Pression du gouvernement
Ce qui inquiète le maire de Carrières-sous-poissy, c’est un projet de courrier en date du 4 juin, de l’inspection académique, visant les communes avec des quartiers prioritaires. « Ce courrier incite les parents d’enfants de moins de 3 ans à se rendre en mairie pour inscrire leur enfant, explique l’élu. Il s’agit sans doute d’une pression du gouvernement sur les services administratifs. Sauf que personne ne nous en a parlé à nous, élus. »
L’élaboration de la carte scolaire est un dossier qui se prépare bien en amont. « Dès le mois de novembre », précise l’édile. D’où sa question adressée en retour à l’inspection académique : « Est-ce que ces enfants seront comptabilisés dans les effectifs de la rentrée 2016 et si la réponse est oui, l’éducation nationale a l’obligation de fournir le personnel adéquat. »
Et de conclure : « Les moins de 3 ans ont, jusqu’à présent, été une variable d’ajustement en fonction des effectifs. On les accueillait dans la limite des places disponibles. Sur le principe, cela ne nous dérange pas d’accueillir tout le monde, une commune se débrouille toujours pour mettre à disposition des locaux et des moyens, mais cela doit se faire en lien avec l’éducation nationale qui, elle seule, décide d’ouvrir ou de fermer des classes. »